Un supporteur ivoirien regarde à Abidjan le match de son équipe contre le Maroc,  le 24 janvier 2017. | SIA KAMBOU / AFP

Les surprises s’enchaînent lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) qui se dispute jusqu’au 5 février au Gabon. Rien ne se passe en effet comme prévu pour les ténors du continent lors de cette 31édition. Mardi 24 janvier, ce sont les tenants du titre ivoiriens qui ont abandonné leur trophée, acquis il y a deux ans en Guinée équatoriale. La faute à une défaite face au Maroc (1-0) lors du dernier match du premier tour. Lors des six dernières éditions de CAN, jamais la Côte d’Ivoire n’avait échoué à franchir ce cap.

La veille, ce sont l’Algérie et ses stars qui avaient chuté à la surprise générale avant même les quarts de finale, malgré un huitième de finale encourageant contre l’Allemagne lors du dernier Mondial en 2014. Dimanche 22 janvier, le Gabon, pays hôte, avait également raté sa qualification après trois matchs nuls consécutifs. Il fallait remonter à la CAN 1994 pour trouver un pays organisateur incapable de s’extirper du premier tour.

Forts de leur victoire en 2015, les Eléphants de Côte d’Ivoire abordaient pourtant la compétition avec confiance. La retraite internationale de leur milieu de terrain emblématique Yaya Touré, et le forfait sur blessure de l’attaquant Gervinho n’avaient pas entamé leur statut de favoris. Florent Ibenge, sélectionneur de la République démocratique du Congo, qui a terminé à la première place du groupe, ne s’y trompait (presque) pas : « La Côte d’Ivoire est moins glamour sans Yaya Touré et Gervinho mais reste très redoutable. »

« Match de la honte »

La déception au pays des Elephants est d’autant plus forte. Les titres de la presse ivoirienne ne faisaient pas dans la dentelle mercredi matin : « Le match de la honte » pour Le Patriote, « Un échec lamentable » pour La Gazette. Le défenseur de Manchester United, Eric Bailly, s’en excuserait quasiment : « Personnellement, je suis désolé parce que moi-même je sais comment les Ivoiriens nous soutiennent. Avant d’être footballeur j’ai été supporteur, je sais ce qu’ils sont en train d’endurer. Vraiment, cela fait de la peine surtout étant champions d’Afrique. »

Le sélectionneur du Maroc Hervé Renard après la victoire de son équipe contre la Côte d’Ivoire le  24 janvier 2017. | ISSOUF SANOGO / AFP

En conférence de presse d’après-match, le sélectionneur français du Maroc, Hervé Renard, qui avait conquis la CAN avec les Ivoiriens en 2015, s’est précipité au chevet de son homologue et compatriote, Michel Dussuyer : « Si vous me le permettez, je crois être très bien placé pour parler, quand on vient dans une salle comme ça, ce n’est pas un tribunal. Il m’est arrivé exactement la même chose avec la Zambie en 2013, après le titre de 2012. Alors, certes l’objectif pour la Côte d’Ivoire ne peut pas être une élimination au premier tour. Seul le résultat vous fait dire des choses qui dépassent parfois vos pensées. Alors s’il vous plaît, un peu de décence par rapport aux entraîneurs. »

Orphelin de son buteur vedette Didier Drogba depuis 2014, en plus de cette élimination prématurée, la Côte d’Ivoire a perdu un autre joueur majeur. Salomon Kalou, 31 ans, ancien attaquant de Lille et de Chelsea, a disputé mardi la dernière de ses quatre-vingt-neuf sélections : « J’ai fait une finale et j’en ai gagné une autre. Là, cela ne s’est pas bien passé. Il y a des jeunes comme [Franck] Kessié, [Wilfried] Zaha… Je pense qu’ils sont le futur du football ivoirien. Je leur souhaite bonne chance. » En tête de son groupe éliminatoire au Mondial 2018, la nouvelle génération des Elephants sera peut-être encore un peu tendre en Russie. Mais il faudra compter avec elle pour la revanche lors de la CAN 2019 au Cameroun.