Un magasin Carrefour à Riaillé en Loire-Atlantique. | JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Les représentants des syndicats FO des hypermarchés Carrefour ont voté, mardi 24 janvier, à 85,72 % contre le projet d’ouverture dominicale des grandes surfaces du groupe. L’accord de ce syndicat, majoritaire chez le distributeur français avec 46 % de représentativité, était indispensable pour que Carrefour puisse ouvrir ses hypermarchés intégrés les dimanches matin.

La loi travail a en effet fixé, depuis le 1er janvier, le seuil pour un accord d’entreprise en matière de temps de travail à 50 %. Là où auparavant, seulement 30 % de votes favorables étaient nécessaires pour valider un texte, si d’autres syndicats n’exerçaient pas leur droit d’opposition. La CGT et la CFDT avaient, elles, déjà fermé la porte à un accord. Une validation de FO et de la CGC aurait ainsi permis de valider le texte, concernant 191 magasins, représentant près de 60 000 salariés.

Face à un environnement où de plus en plus de commerces dérogent au repos dominical, le groupe Carrefour avait entrepris, depuis mi-novembre 2016, des discussions avec ses syndicats pour élaborer les bases d’un accord encadrant le travail du dimanche, de manière à pouvoir ouvrir ses hypermarchés le matin. Le texte prévoyait une compensation, un peu plus importante que celui de la filière. Accompagnés d’un principe de volontariat, les salaires du dimanche matin étaient majorés de 80 %, contre les 30 % prévus par la convention collective de la grande distribution.

Plusieurs accords signés dans les grands magasins

Si la loi autorise les grandes surfaces à prédominance alimentaire à ouvrir le dimanche matin jusqu’à 13 heures, chez Carrefour, l’aval des syndicats est indispensable pour revenir sur un précédent accord datant de 1970 qui fixe le repos hebdomadaire le dimanche au sein des hypermarchés intégrés. Celui-ci a déjà par le passé été amendé à plusieurs reprises, et notamment en 2003 pour permettre une ouverture les 12 dimanches maximum que peut accorder le maire. Les supermarchés et les petites surfaces de proximité (Market, City, Contact…), dont beaucoup sont exploitées par des franchisés, ne sont pas soumis à ce texte, de même que les autres grandes enseignes alimentaires concurrentes.

Profitant d’un courant porteur après plusieurs accords signés dans les grands magasins, les enseignes de commerce alimentaire tentent de s’engouffrer dans le mouvement, et notamment Auchan qui projetterait l’ouverture le dimanche matin d’une quarantaine d’hypermarchés. La première ouverture du dimanche matin de l’hypermarché Auchan de Villeneuve-d’Ascq, le 22 janvier, a d’ailleurs été perturbée par une manifestation du syndicat FO, venu protester contre un mouvement de généralisation risquant de déboucher un jour sur une ouverture 24 heures sur 24. Selon La Voix du Nord, le magasin environnant de l’enseigne Cora aurait également déjà sollicité ses salariés volontaires pour travailler le dimanche matin.

« Nous avons étudié l’environnement, mais les délégués FO ne sont pas prêts à annuler l’accord de 1970 », explique Jacqueline Poitou, déléguée syndicale centrale FO des hypermarchés Carrefour. La direction du groupe de distribution a « pris acte de cette décision », sans toutefois la commenter, ni indiquer si elle comptait relever son offre. « Même avec une compensation à 100 % les salariés ne reviendront pas tout de suite sur leur position, estime Michel Enguelz, délégué central FO du groupe. Si la concurrence se met à ouvrir massivement et que cela peut mettre l’emploi en péril, peut-être que l’on pourra en rediscuter, mais sous un autre format ».