Le logo d’Atlantico. | LIONEL BONAVENTURE / AFP

Faire survivre un site d’information indépendant n’est pas une mince affaire. Atlantico continue d’en faire l’expérience, alors qu’il fêtera ses six ans d’existence le 28 février. « Nous voulons changer de modèle économique car nous faisons le constat que la course à l’audience est absurde, explique le fondateur Jean-Sébastien Ferjou. L’audience gagnée avec des contenus plus légers est très dure à monétiser en publicité quand on est comme nous un acteur moyen. Nous voulons donc nous concentrer sur les articles les plus informatifs, sur le fond, sur le premium. »

Fini la référence des débuts au Huffington Post, pure player américain qui s’est fait connaître par un subtil cocktail d’opinion, d’information et de divertissement. Les articles faciles, réalisés avec des images du compte Instagram de Kim Kardashian ou des vidéos d’un accouplement entre un singe et une biche suscitent des clics mais abîment les marques de presse sur le long terme, pense désormais M. Ferjou. Atlantico prévoit donc de lancer dans quelques semaines de nouveaux formats éditoriaux à destination de ses lecteurs, où les CSP+, les cadres et les entrepreneurs sont surreprésentés, explique M. Ferjou. Il s’agit de tenter de s’appuyer sur le réseau d’experts que fédère le site dans certains domaines comme la macroéconomie, l’analyse d’opinion ou la prospective.

Pour Atlantico, au départ financé par la publicité, ce nouveau pas vers une stratégie payante, fait suite à l’introduction mi 2014 d’une formule d’abonnement à 4,90 euros dont les résultats ne sont pas communiqués. Son évolution est en phase avec celle du reste de la presse en ligne, pure players ou grands groupes, qui devant la faiblesse de la publicité mise davantage sur le payant.

Perte substantielle

La situation d’Atlantico est difficile : le site a des coûts de 1,6 million d’euros par an environ, pour un chiffre d’affaires d’environ 700 000 euros, soit une perte encore substantielle. En 2013, il disait couvrir environ 50 % de ses dépenses d’un million d’euros environ.

Pour réduire ses frais et arrêter de produire des contenus de simple suivi de l’actualité, Atlantico prévoit des licenciements économiques, comme l’a noté Presse News mardi 24 janvier. Sont concernés trois postes de journalistes, dont celui du rédacteur en chef Pascal Bories. Le fonctionnement quotidien du site ne sera pas affecté, assure M. Ferjou, qui rappelle notamment la présence dans la rédaction de l’économiste Nicolas Goetzmann. Par ailleurs, il est également envisagé de se séparer de la directrice générale, Anne Cartereau, et du directeur commercial, Lionel Bounoua, chargé notamment de la publicité.

Plus largement, M. Ferjou ne cache pas qu’il continue de chercher des partenaires extérieurs pour épauler les fondateurs et l’actionnaire de référence depuis 2012, Gérard Lignac, ex-patron du groupe Est Républicain. Il ne s’agit pas forcément de « vendre » Atlantico mais de le pérenniser en accueillant quelqu’un au capital ou en cédant le contrôle, explique le fondateur. Le destin d’Atlantico est intéressant car il tente une voie hybride : libéral et classé à droite. Moins engagé et tranché qu’un média comme Valeurs actuelles, il n’a pas non plus l’image d’un site de révélations comme Mediapart.