Le site du spécialiste de la vente par correspondance les 3Suisses. Le chiffre d’affaires du vépéciste, qui atteignait encore 915 millions d’euros en 2004, est tombé à 120 millions en 2015, accompagné de 60 millions de pertes. | ERIC PIERMONT / AFP

Est-ce un nouveau départ pour l’ancien fleuron français de la vente par correspondance ? Mardi 24 janvier, le groupe 3SI a annoncé être entré en négociations exclusives pour céder la société qui porte l’enseigne des 3Suisses en France, rebaptisée « Livelle », ainsi que 3Suisses Belgium, son activité en Belgique. Le repreneur est Domoti. Spécialisée dans la vente à distance de produits de confort pour senior, via des catalogues et sites Internet (Temps L, L’Atelier de Lucie, Marianne Melodie, Confort et Vie…), cette entreprise lilloise avait déjà acheté à 3SI sa filiale spécialisée dans le linge de maison Becquet, en mai 2016.

« La réalisation de cette opération, qui n’aura pas d’impact sur l’emploi et est conditionnée à l’accord de l’Autorité de la concurrence, devrait avoir lieu durant le premier semestre 2017 », a annoncé 3SI. Domoti reprendrait ainsi l’ensemble des effectifs, soit 40 personnes en France et 18 en Belgique. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé.

Depuis plusieurs mois, le groupe 3SI, détenu à 100 % par Otto, géant allemand du e-commerce et détenteur, en France, de l’enseigne Bonprix, cherchait un repreneur pour son ancien cador de la vente à distance. II avait annoncé, en mars 2016, sa décision de céder toutes ses activités dans le commerce en ligne pour se concentrer sur les services. Après avoir vendu Becquet, être sorti d’Excedence, il a cédé l’allemand 3 Pagen à Damartex. Durant l’été, il avait aussi licencié une centaine de salariés des 3Suisses.

Virage Internet dès les premières heures du Web

Depuis plusieurs années, l’emblématique acteur de la vente à distance connaissait des difficultés, perdant près de 50 millions d’euros par exercice. Là où son concurrent historique La Redoute est cité, en exemple, pour être parvenu à rebondir grâce à l’esprit de start-up insufflé par les anciens dirigeants qui ont repris le vépéciste.

Malgré un virage Internet dès les premières heures du Web, avec la mise en vente de ses premiers produits sur la toile en 1995, la société 3Suisses a été victime, notamment, d’une organisation et d’une structure trop lourde, avec ses deux catalogues annuels qui figeaient les collections et les prix pour une saison complète.

Le groupe a rapidement été dépassé par la déferlante de nouveaux acteurs issus du Net.

Le groupe a rapidement été dépassé par la déferlante de nouveaux acteurs issus du Net, sans grandes contraintes d’informatique et de logistique, et avec un rythme de collections beaucoup plus rapide.

Le chiffre d’affaires des 3Suisses, qui atteignait encore 915 millions d’euros en 2004, est tombé à 120 millions en 2015, accompagné de 60 millions de pertes. Dans le même temps, le groupe a changé d’actionnaires : autrefois détenu par l’Association familiale Mulliez (AFM, propriétaire d’Auchan) et Otto, ce dernier est devenu propriétaire à 100 % de 3SI en 2013.

Les 3Suisses avaient abordé la montée en puissance de l’économie numérique en se diversifiant dans les services aux acteurs de l’Internet, avec des sociétés comme Mondial Relay (expédition de colis), Dispeo (préparation des colis) et Mezzo (relation-client, centre d’appels). Une stratégie payante pour le géant américainde l’e-commerce Amazon, grâce à ses importants volumes d’affaires, mais pas pour 3SI qui a aussi mis en vente Dispeo et Mezzo.