Emmanuel Macron à Beyrouth le 23 janvier. | ANWAR AMRO / AFP

Couvrez ce soutien que je ne saurais voir… Depuis des mois, Emmanuel Macron assure que son mouvement En marche ! est « ouvert à tous » et que chacun peut soutenir sa candidature, pourvu qu’il partage ses idées « progressistes ». Une profession de foi originale mais qui est en train de se retourner contre l’ancien ministre, aujourd’hui bien encombré par les déclarations enamourées de certains de ses prétendants.

« S’il y a quelqu’un qui fait naître l’espoir, c’est bien lui », s’est enthousiasmé Bernard Kouchner, dans un entretien publié mardi 24 janvier par Le Parisien, provoquant l’embarras dans l’entourage d’Emmanuel Macron. Une gêne d’autant plus grande que l’ex-« French doctor » n’y va pas avec le dos de la brosse à reluire pour qualifier le benjamin des candidats, « un homme qui ouvre le jeu, qui ne dit pas du mal des gens par goût électoral (…), qui ne s’arrête pas au clivage droite-gauche, et il reste humaniste ».

Deux jours plus tôt, c’est Alain Minc qui déclarait sa flamme. « Je vais voter Emmanuel Macron », a lancé l’essayiste dans Le JDD du 22 janvier, estimant que l’ancien banquier est « le seul candidat authentiquement européen ». « Si le pays grincheux qu’est la France élit un roi de 39 ans, l’image de notre pays changera soudainement », a même osé le conseiller du CAC 40, oubliant un peu vite qu’il soutenait Alain Juppé, 71 ans, avant que le maire de Bordeaux ne soit défait par François Fillon à la primaire de la droite.

Au-delà des clivages

Enthousiastes, ces soutiens sont mal vécus dans l’entourage d’Emmanuel Macron, où l’on craint de devenir un « refuge » pour personnalités politiques démonétisées. Dès dimanche, Richard Ferrand, secrétaire général d’En marche !, a raillé l’initiative d’Alain Minc. « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent », s’est moqué sur Twitter le député (PS) du Finistère, reprenant une citation d’Edgar Faure. « Macron est le symbole du renouvellement, il faut être cohérents si l’on veut convaincre les abstentionnistes », estime Arnaud Leroy, député (PS) des Français de l’étranger et membre du comité politique d’En marche !

Pour autant, Emmanuel Macron peut difficilement repousser ces soutiens. Depuis le début de son aventure, l’ancien protégé de François Hollande dit vouloir rassembler au-delà des clivages traditionnels. Refusant l’étiquette socialiste, même s’il fut un temps membre du PS, il se dit « et de droite et de gauche », un profil qui correspond à Bernard Kouchner, qui a été ministre de François Mitterrand et de Nicolas Sarkozy. Renvoyer ces sympathisants dans leurs pénates serait reconnaître que sa position est plus tactique que sincère.

A en croire les proches de M. Macron, tout devrait heureusement rentrer dans l’ordre après le second tour de la primaire. C’est à ce moment-là que les « vrais » ralliements sont attendus. Comprendre : ceux des poids lourds, qui peuvent faire gagner dans les sondages les quelques points qui manquent encore pour incarner une alternative crédible à François Fillon et Marine Le Pen. Accessoirement, notent certains, cela permettra aussi de donner un coup de jeune à la campagne, qui doit pour l’instant se contenter de Jean Arthuis, Corinne Lepage, Jean-Paul Huchon ou Jean-Marie Cavada comme vedettes américaines. Un casting pas très XXIe siècle…