Paul Giacobbi au tribunal de Bastia, le 1er décembre. | PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP

Le député divers gauche de Haute-Corse Paul Giacobbi a été condamné à trois ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics, mercredi 25 janvier, dans l’affaire dite des gîtes ruraux, portant sur près de 500 000 euros, au profit d’une quinzaine de bénéficiaires. Cette condamnation suit les réquisitions du 29 novembre.

M. Giacobbi a également été condamné par le tribunal correctionnel de Bastia à 100 000 euros d’amende, pour des faits commis alors qu’il était président du conseil général de Haute-Corse, de 2007 à 2010. « C’est un assassinat politique, j’entends faire appel tout de suite », a réagi Jean-Louis Seatelli, avocat de M. Giacobbi, qui était absent lors du délibéré et qui a toujours nié avoir eu une quelconque responsabilité dans ces faits.

Paul Giacobbi est suspecté d’avoir été « politiquement » le principal bénéficiaire d’un système clientéliste au préjudice du département de Haute-Corse qu’il a présidé de 1998 à 2010. Près d’un demi-million de subventions attribuées entre 2007 et 2010 pour construire ou rénover des gîtes ruraux ont été détournées au profit personnel d’une quinzaine de personnes mises en examen avec des élus et des hauts fonctionnaires.

24 personnes mises en exament au total

L’affaire avait éclaté après l’assassinat, le 21 mars 2011, de Dominique Domarchi, un proche du député qui était aussi président du conseil exécutif de la collectivité territoriale de corse, jusqu’à la victoire des nationalistes aux élections territoriales en décembre 2015. La cellule anti-blanchiment du ministère de l’économie et des finances, Tracfin, s’était alarmée du versement de subventions destinées à la création de gîtes ruraux à l’un des fils de M. Domarchi.

A la suite de ce signalement, les comptes de quelques élus départementaux avaient été épluchés, et plusieurs versements suspects avaient été dévoilés. Les fonds, officiellement destinés à construire ou rénover des gîtes ruraux en Corse, auraient en réalité servi à financer des travaux privés. Une enquête, puis une information judiciaire, avaient alors été ouvertes.

En avril, à la date de la clôture de l’instruction menée par le juge Thomas Meindl, du pôle économique et financier du tribunal de grande instance de Bastia, 24 personnes – dont M. Giacobbi – avaient été mises en examen puis renvoyées devant le tribunal.