Nicolas Dupont-Aignan, à Paris, le 7 décembre 2016. | MARTIN BUREAU / AFP

« Je veux être le candidat des animaux. » Nicolas Dupont-Aignan a décidé de faire de la cause animale l’un des axes forts de son projet présidentiel. Mercredi 25 janvier, il a présenté son comité dédié au sujet, entouré de Erik Tamburi, son délégué national à la condition animale, et Carole Pellisson, élue de Yerres, commune dont il est le maire.

Parmi ses propositions, Nicolas Dupont-Aignan a mis l’accent sur l’interdiction de la viande provenant d’abattoirs qui pratiquent l’abattage sans étourdissement dans les services de restauration des municipalités françaises. Il souhaite négocier avec les différents cultes pour rechercher des solutions alternatives. « Dans cette campagne il ne faut pas oublier la cause animale. Cela fait des années que je suis engagé sur le sujet. Je ne suis pas là parce qu’il y a une élection présidentielle et que c’est rentable politiquement », tient à préciser le candidat de Debout la France.

Actes de cruauté dans les abattoirs

Peu évoquée lors de la primaire de la droite puis celle de la gauche, la question animale a néanmoins gagné en visibilité après les différentes révélations de l’association L214 sur les actes de maltraitances et de cruauté filmés dans plusieurs abattoirs français. Des vidéos qui ont interpellé les partis politiques.

Outre Europe Ecologie-Les Verts, depuis longtemps sensible à cette cause, le Front national a créé en 2016 un groupe de défense des animaux baptisé Belaud Argos. De son côté, François Fillon propose d’interdire l’abattage sans insensibilisation préalable et Jean-Luc Mélenchon a exprimé à plusieurs reprises son souhait de réduire la part des protéines carnées dans l’alimentation. Enfin le député socialiste Olivier Falorni a fait voter, le 12 janvier à l’Assemblée nationale, une proposition de loi relative au respect de l’animal en abattoir.

En 2012, 29 % des Français déclaraient que les propositions des candidats en matière de protection animale pouvaient influencer leur vote selon un sondage IFOP. « La question pèse de plus en plus dans l’opinion. On le voit au nombre de livres sortis sur le sujet, mais aussi à la baisse de la consommation de la viande », affirme Samuel Airaud membre de L214. Pour éviter tout opportunisme en période électorale, cet associatif gère le site Politique & animaux qui recense les positions et actions de différentes personnalités politiques sur les questions animales depuis 2011.

Une charte proposée aux candidats

En juin, 26 associations se sont regroupées au sein du collectif Animal politique qui interroge les candidats à la présidentielle et aux législatives sur une charte de 30 propositions autour de la défense des animaux. Pour l’instant, seuls Yannick Jadot, Charlotte Marchandise – candidate issue de Laprimaire.org – et Nicolas Dupont-Aignan y ont répondu.

Jean-Luc Mélenchon qui a rencontré un représentant de la fondation Brigitte Bardot – également membre du collectif Animal politique – en novembre, devrait suivre. « On va aussi solliciter Emmanuel Macron, François Fillon, Marine Le Pen et le candidat socialiste. Les réponses seront publiques », précise Samuel Airaud représentant de L214 dans le collectif qui rappelle que celui-ci restera neutre et ne soutiendra aucun candidat à la présidentielle.

Actuellement, Yannick Jadot et Charlotte Marchandise ont répondu favorablement aux 30 propositions tandis que le candidat de Debout la France en a ratifié 26, prenant ses distances sur l’interdiction de la corrida ou du gavage. « Je ne veux pas qu’on se serve de la protection animale pour attaquer les terroirs alors qu’il y a d’autres scandales notamment dans l’industrie », justifie Nicolas Dupont-Aignan.

Un paradoxe qui se retrouve également dans le parti de Marine Le Pen. « Il y a une forte tension au sein du Front national entre des personnes qui s’intéressent sincèrement à la cause animale et d’autres qui restent assez traditionalistes et vont défendre la corrida, la chasse ou le gavage, analyse Samuel Airaud. Cette tension a toujours existé mais comme le sujet est plus important dans l’opinion aujourd’hui, elle est plus visible. »

« Rendre visible l’électorat »

La question de la chasse un l’un des points les plus problématiques. En 2015, la France comptait 1,1 million de chasseurs soit autant d’électeurs potentiels, poussant certains partis à faire le grand écart. Une récente interview de Yannick Jadot au site Chassons.com, a notamment fait grincer quelques dents chez les défenseurs des animaux.

Pour dépasser le lobby des chasseurs et peser sur les débats, les défenseurs de la cause animale ont créé, en novembre, leur propre formation politique, le Parti animaliste. « Notre objectif est de ne parler que de la question animale pour rendre visible l’électorat et inciter les grands partis à s’emparer de ces sujets. », explique Isabelle Dudouet-Bercegeay, sa porte-parole.

Le parti n’investira pas de candidat à l’élection présidentielle mais sera présent dans plusieurs circonscriptions pour les législatives et garde en ligne de mire les élections européennes de 2019. Une première étape pour Samuel Airaud : « La prise en compte de la condition animale par les partis n’est pas à la hauteur. Elle est identifiée comme un sujet montant mais pas encore comme un sujet décisif. »