Présentation de l’assistant virtuel Google Home du géant américain en mai 2016 à Mountain View (Californie). | GLENN CHAPMAN / AFP

Alphabet, la maison mère de Google, a publié, jeudi 26 janvier, ses résultats annuels. Avec un bénéfice net en hausse de 23 %, à 19,5 milliards de dollars (18,3 milliards d’euros), et un chiffre d’affaires de 90,3 milliards de dollars (+ 20 %), l’année 2016 aura été une bonne cuvée. Même si les résultats du dernier trimestre ont quelque peu déçu les observateurs : la progression du bénéfice net (8 %) s’est révélée inférieure aux attentes, en raison de « frais exceptionnels liés à une augmentation du taux d’imposition », selon le groupe.

Tandis que la publicité reste la principale source de revenus pour Alphabet – près de 90 % –, en particulier via Google ou YouTube, la compagnie fait face à une transformation de son marché : le poids de la publicité sur mobile ne cesse de croître aux dépends de celles diffusée sur ordinateur.

« C’est là l’enjeu essentiel : avec l’accroissement de la part du mobile, le coût par clic [c’est-à-dire le revenu payé par les annonceurs au moteur de recherche à chaque fois qu’un internaute clique sur une publicité], baisse. Pour compenser, le groupe doit maintenir une vive croissance de ses volumes », pointe Thomas Husson du cabinet Forrester.

Dans ce paysage en pleine mutation, marqué par une concurrence toujours plus forte avec des rivaux tels que Facebook, Microsoft ou Amazon, mais aussi des Baidu ou des Tencent en Chine, Google est appelé à faire évoluer progressivement son modèle.

Après la rationalisation, la diversification

Cela s’est déjà traduit par la réorganisation même de l’entreprise démarrée à l’été 2015 avec la création d’Alphabet, propriétaire de toutes les activités du géant américain. L’idée étant de distinguer les métiers historiques de la compagnie de toutes ses activités annexes, « qui seront les relais de croissance de demain », selon M. Husson. Puis en 2016, sous l’impulsion de la directrice financière, Ruth Porat, les projets les moins rentables ont été abandonnés ou revus à la baisse. Fin octobre, décision a ainsi été prise de lever le pied sur le programme Google Fiber de distribution d’Internet à haut débit. Son développement est désormais cantonné aux neuf villes américaines déjà investies et 9 % des effectifs ont été remerciés.

En janvier 2017, le projet de drone solaire, qui devait permettre de distribuer de l’Internet à haut débit, a, lui, été purement et simplement abandonné. A l’inverse, le programme de conduite autonome est désormais mené par une entité indépendante baptisée « Waymo ».

Ces choix de diversification – qualifiés chez Alphabet d’« autres paris » – restent coûteux. Certes, leur chiffre d’affaires progresse – ils ont dégagé au quatrième trimestre un chiffre d’affaires de 262 millions de dollars, contre seulement 150 millions sur la même période de l’année précédente – mais les pertes restent élevées à plus 900 millions de dollars. « Il s’agit d’une phase d’investissement donc il n’y aucune profitabilité à attendre à court terme », relativise M. Husson.

Malgré cette rationalisation, le groupe n’en a pas fini avec la diversification. En octobre 2016, la marque a dévoilé au cours d’un même événement deux nouveaux produits dans le domaine du hardware, dont un nouveau téléphone haut de gamme appelé à rivaliser avec les équivalents de Apple et de Samsung.

Google a aussi lancé Home, un assistant contrôlable par la voix, destiné à commander de multiples fonctions à domicile : mettre de la musique, actionner des appareils connectés, accéder à des services Google… Une réponse au succès du Echo d’Amazon lancé deux ans plus tôt. La firme de Moutain View investit aussi massivement dans le cloud (stockage de données dématérialisé). Jeudi 26 janvier, Ruth Porat a d’ailleurs assuré qu’Alphabet allait poursuivre sa politique de diversification tout en assurant que le groupe « continuera à calibrer l’ampleur et le rythme » de ses investissements et « exercera une gestion prudente ».