La ville d’Annapolis (ici, le 25 mai 2016) comptait moins de dix jours d’inondations par an entre 1950 et 1975. Depuis le début des années 2010, la ville subit ce désagrément entre quarante et soixante jours par an. | MARK WILSON / AFP

Commandé en 2015 sous l’administration Obama, le dernier rapport de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) sur l’élévation du niveau marin a été discrètement publié mardi 24 janvier sur le site Internet de l’agence, sans tambour ni trompette. Il est pourtant d’une singulière importance : il montre que les côtes américaines, en particulier sur la façade atlantique, sont parmi les plus vulnérables au monde à la montée des océans.

Selon les calculs des chercheurs de la NOAA, le pire scénario correspondrait à une élévation de 2,5 mètres le long de ces côtes d’ici à la fin du siècle en cours. Soit une estimation revue à la hausse de quelque 60 centimètres par rapport au dernier rapport analogue, qui ne remonte qu’à 2012.

Ce scénario est cependant loin d’être le plus probable. « Nous avons cherché à quantifier les situations, même les plus improbables, car les responsables politiques veulent aussi connaître les pires scénarios avant de prendre des décisions », explique William Sweet, chercheur à la NOAA et principal auteur du rapport.

Effet d’enfoncement

Pourquoi les côtes américaines de l’Atlantique nord sont-elles si vulnérables ? « Sur toute la côte nord-Atlantique, au nord de la Virginie, mais aussi dans l’ouest du golfe du Mexique, il y a un phénomène de subsidence, c’est-à-dire un affaissement de la croûte terrestre qui s’ajoute à la montée de l’océan », explique Villiam Sweet. Cet effet d’enfoncement des terres émergées est dû à l’exploitation des eaux souterraines, mais aussi à d’autres phénomènes géophysiques sans lien avec l’activité humaine. Au total, puisque les terres émergées s’affaissent et que l’océan gonfle, l’érosion et le déplacement du trait de côte n’en sont que plus rapides.

Si l’on s’en tient à une élévation moyenne mondiale de l’océan d’environ un mètre – ce que prévoit le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat pour 2100 dans le cas d’une poursuite des émissions de gaz à effet de serre –, la plus grande part de la côte atlantique américaine devra encaisser, explique M. Sweet, « de 30 cm à 50 cm de plus ». Une élévation du niveau marin de 1,3 à 1,5 mètre serait ingérable pour de nombreuses villes portuaires. Parmi elles, plusieurs consentent déjà de lourds investissements pour atténuer les effets des fortes marées qui pénètrent déjà, parfois, jusque dans les centres-villes. A Annapolis, par exemple, on comptait moins de dix jours d’inondations par an entre 1950 et 1975. Depuis le début des années 2010, la ville subit ce désagrément entre quarante et soixante jours par an.