Donald Trump a envoyé un message clair lors de la présentation de James Mattis, le secrétaire de la défense, le 27 janvier au Pentagone. | MANDEL NGAN / AFP

Une semaine tout juste après s’être installé à la Maison Blanche, le président des Etats-Unis Donald Trump a annoncé vendredi 27 janvier un sérieux tour de vis en matière d’immigration et d’accueil de réfugiés, afin de stopper l’entrée éventuelle sur le territoire américain de « terroristes islamiques radicaux ». La présidence américaine a publié vendredi soir le décret pris, intitulé « Protéger la nation contre l’entrée de terroristes étrangers aux Etats-Unis ».

Lors d’une cérémonie en grande pompe au Pentagone, en l’honneur de son nouveau secrétaire à la Défense James Mattis, M. Trump a assuré qu’il mettait « sur pied de nouvelles mesures de contrôle pour maintenir hors des Etats-Unis les terroristes islamiques radicaux ».

« Nous ne les voulons pas ici », s’est exclamé le 45e président américain devant des hiérarques militaires réunis au ministère de la Défense, à quelques encablures de Washington.

« Nous voulons être sûrs que nous ne laissons pas entrer dans notre pays les mêmes menaces que celles que nos soldats combattent à l’étranger (…) Nous n’oublierons jamais les leçons du 11-Septembre [2001]. »

Les réfugiés syriens interdits d’entrée

D’après le décret et ses annexes diffusés par la Maison Blanche, les autorités américaines vont interdire pendant trois mois l’arrivée de ressortissants de sept pays musulmans : Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen. A l’exception de ces ressortissants détenteurs de visas diplomatiques et officiels et qui travaillent pour des institutions internationales.

Washington va arrêter aussi pendant quatre mois le programme fédéral d’admission et de réinstallation de réfugiés de pays en guerre, toutes nationalités confondues. Un programme humanitaire ambitieux créé en 1980 et qui n’a été suspendu qu’une seule fois : durant trois mois après le 11-Septembre.

Quant aux réfugiés syriens, qui ont fui par millions le conflit dans leur pays, mais dont seulement 18 000 ont été acceptés aux Etats-Unis depuis 2011, ils seront définitivement interdits d’entrée, jusqu’à nouvel ordre.

Pour l’année budgétaire 2016 (du 1er octobre 2015 au 30 septembre 2016), les Etats-Unis, alors gouvernés par Barack Obama, avaient admis sur leur territoire 84 994 réfugiés du monde entier, parmi lesquels un peu plus de 10 000 Syriens. L’administration Obama s’était donnée pour objectif d’accepter 110 000 réfugiés pour l’année budgétaire 2017. L’administration Trump vise dorénavant « pas plus de 50 000 » réfugiés cette année.

Levée de boucliers chez les démocrates

Deux jours avant qu’il ne signe officiellement son décret, le nouvel occupant de la Maison Blanche avait commenté et défendu son texte à la télévision. Interrogé par la chaîne ABC sur la réaction qu’il risquait de provoquer chez les musulmans, il avait rétorqué qu’il fallait agir dans « un monde en colère » devenu « un foutoir complet ». « Ce n’est pas une interdiction contre les musulmans mais cela concerne des pays qui ont beaucoup de terrorisme », avait martelé le milliardaire populiste.

« Nous sommes une nation compatissante et je soutiens le programme de réinstallation des réfugiés, mais il est temps de réévaluer et de renforcer le processus de vérification des visas », a souligné le chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants, Paul Ryan. « Le président Trump a raison de s’assurer que nous faisons tout notre possible pour savoir exactement qui entre dans notre pays ».

Mais ce texte a provoqué une levée de boucliers chez les démocrates. « Le décret cruel du président Trump sur les réfugiés sape nos valeurs fondamentales et nos traditions, menace notre sécurité nationale et démontre une méconnaissance totale de notre strict processus de vérification, le plus minutieux du monde », a ainsi regretté Ben Cardin, membre de la commission des Affaires étrangères du Sénat. « Cette politique à courte vue est dangereuse et va nuire à nos alliances et partenariats », a-t-il dit.

La jeune Pakistanaise Malala Yousafzai, lauréate 2014 du prix Nobel de la paix, a également déclaré avoir « le cœur brisé de voir l’Amérique tourner le dos à son fier passé d’accueil de réfugiés et de migrants ».