Emmanuel Macron, à Beyrouth, le 23 janvier. | ANWAR AMRO / AFP

Exit les Petits Miquets. Attendu vendredi 27 janvier au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, où il devait rencontrer des auteurs et s’offrir une « déambulation » dans la ville, Emmanuel Macron a annulé sa visite au dernier moment. Une volte-face étonnante : le festival attire quelque 200 000 visiteurs chaque année et constitue un bon moyen de s’afficher au côté d’un public jeune. Jean-Luc Mélenchon et Yannick Jadot l’ont bien compris et devaient s’y rendre vendredi.

Pour expliquer ce revirement, l’entourage d’Emmanuel Macron évoque un agenda trop chargé. « Il doit participer à des rendez-vous qui n’étaient initialement pas prévus », explique-t-on. Depuis lundi, l’ancien ministre était en déplacement au Proche-Orient, pour peaufiner son image internationale : au Liban lundi et mardi, il a rencontré le président Michel Aoun et le premier ministre Saad Hariri ; en Jordanie mercredi et jeudi, il s’est rendu sur une base aérienne d’où décollent les avions français qui frappent Daech en Syrie et en Irak.

A écouter certains proches du benjamin des candidats, du retard a été pris dans l’élaboration du programme et les équipes d’En marche ! ont été invitées à redoubler d’efforts. Les spécialistes qui travaillent pour l’ex-ministre, sous la direction de l’économiste Jean Pisani-Ferry, qui vient de rejoindre le mouvement, doivent rendre leur copie dimanche 29 janvier et travailleraient d’arrache-pied pour tenir les délais.

« Arriver préparé à l’Elysée »

Au total, quelque 400 experts phosphorent sur ce programme, selon M. Pisani-Ferry. « Nous sommes regroupés en huit pôles, eux-mêmes divisés en une trentaine de sous-pôles », explique l’un d’entre eux. Chacun de ces groupes a été chargé d’élaborer une dizaine de mesures, qui doivent être chiffrées mais également accompagnées d’un argumentaire politique. « Il y aura environ 300 mesures présentées, à charge pour Emmanuel Macron de décider lesquelles il veut conserver ou amender », explique cet expert. L’agenda du candidat a été volontairement allégé la semaine prochaine pour lui permettre d’effectuer ce travail.

Selon nos informations, M. Macron a demandé à ses équipes de construire un programme qui ne soit pas uniquement concentré sur les cent premiers jours du quinquennat. « Ce qu’il veut, c’est des mesures qui ont un effet immédiat et d’autres dont on verra les résultats à plus long terme. L’idée, c’est d’avoir huit semestres utiles », explique un proche. « Emmanuel est persuadé d’être le prochain président et veut arriver préparé à l’Elysée, ajoute un parlementaire. Il ne veut pas que ça flotte, comme avec Hollande en 2012, il a trop vu les dégâts que cela pouvait causer. »

Le champion d’En marche ! a surtout conscience que son « projet présidentiel », qui sera constitué de dix à douze « chantiers » déclinés en autant de propositions, selon Richard Ferrand, secrétaire général du mouvement, sera scruté de près par ses adversaires. Incapables, en tout cas pour l’instant, de contenir l’envolée de l’ancien inspecteur des finances, ils espèrent y trouver de quoi le faire redescendre dans les sondages, où il s’affirme comme le troisième homme du scrutin. « Quand Emmanuel Macron aura un programme, je le commenterai. Pour l’instant, je n’ai rien vu », a d’ores et déjà prévenu François Fillon. L’ex-ministre a prévu de dévoiler sa copie fin février.