Le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, s’en est pris, dans un message publié sur sa plate-forme, à la politique d’immigration de Donald Trump. | MONEY SHARMA / AFP

« Mes arrière-grands-parents sont venus d’Allemagne, d’Autriche et de Pologne. Les parents de [mon épouse] Priscilla étaient des réfugiés venant de Chine et du Vietnam. Les Etats-Unis sont une nation d’immigrants, et nous devrions en être fiers. » Vendredi 27 janvier, le fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, a publié un message sur le réseau social pour critiquer les récentes décisions de Donald Trump concernant l’immigration.

Un fait rare : Mark Zuckerberg avait pris soin, jusqu’ici, de ne pas afficher trop ouvertement ses opinions politiques – malgré des soupçons d’ambitions électorales, qu’il a démentis – et s’était abstenu de soutenir un candidat pendant la campagne présidentielle américaine. Il avait toutefois laissé entendre, dans un discours en avril dernier, son aversion pour certaines idées de Donald Trump, sans pour autant le nommer : « J’entends les voix apeurées qui nous appellent à construire des murs. Plutôt que des murs, nous voulons aider les gens à construire des ponts. »

Depuis, Donald Trump l’a emporté, et a durci dès ses premiers jours de mandat la politique d’immigration pour « protéger la nation contre l’entrée de terroristes étrangers », indique un décret publié vendredi soir. Il interdit notamment l’arrivée de ressortissants de sept pays musulmans pendant trois mois : Irak, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen. Deux jours plus tôt, il avait signé un autre décret ordonnant la construction d’un mur à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.

« Des millions de sans-papiers vivront dans la peur »

« Comme beaucoup d’entre vous, je suis inquiet de l’impact des récents décrets signés par le président Trump », explique Mark Zuckerberg, avant de développer :

« Nous devons faire en sorte que ce pays reste en sécurité, mais pour y parvenir, nous devrions nous concentrer sur les personnes qui représentent vraiment une menace. Etendre l’attention des forces de l’ordre au-delà des personnes qui représentent de vraies menaces va nuire à la sécurité des Américains, en dispersant les ressources, tandis que des millions de sans-papiers qui ne représentent aucune menace vivront dans la peur d’être expulsés. »

Comme beaucoup d’employeurs de la Silicon Valley, M. Zuckerberg plaide depuis longtemps pour un assouplissement des règles d’immigration aux Etats-Unis. Notamment parce que ces entreprises recrutent beaucoup de personnes étrangères et que les lois américaines compliquent leur arrivée.

Le patron de Facebook n’est d’ailleurs pas le seul à s’être montré inquiet après le décret signé vendredi par le nouveau président américain. Dans une note interne qu’a pu consulter le Wall Street Journal, Sundar Pichai, qui dirige Google, a expliqué que ce décret pouvait affecter 187 salariés de l’entreprise. « Nous sommes inquiets de l’impact de ce décret et de toutes les propositions qui pourraient imposer des restrictions aux Googlers [les employés de Google] et leurs familles, ou qui pourraient créer des obstacles pour apporter de grands talents aux Etats-Unis. »

Sheryl Sandberg attaque Trump sur l’avortement

La numéro deux de Facebook, Sheryl Sandberg, a elle aussi critiqué publiquement Donald Trump jeudi, cette fois sur le terrain de l’avortement. Parmi les nombreux décrets signés par le nouveau président dès son entrée en fonctions, l’un interdit le financement d’ONG internationales soutenant l’avortement. Une décision « qui pourrait avoir de terribles conséquences pour les femmes et les familles partout dans le monde », a déploré Mme Sandberg sur Facebook.

La directrice opérationnelle de Facebook avait rencontré M. Trump en novembre, lors de la réunion qu’il avait organisée à la Trump Tower avec plusieurs dirigeants de la Silicon Valley, ce qui avait déclenché un certain nombre de critiques. Contrairement à Mark Zuckerberg, Sheryl Sanberg, par ailleurs fondatrice d’une ONG consacrée aux femmes, avait affiché son soutien dès juin 2016 à Hillary Clinton, mais s’était montrée très discrète à ce sujet depuis.