Des policiers devant la mosquée visée par l’attaque à Québec, le 29 janvier. | MATHIEU BELANGER / REUTERS

Une fusillade dans une mosquée de Québec a fait six morts et huit blessés dimanche 29 janvier. Deux hommes ont été arrêtés dimanche soir mais la police a annoncé lundi que seul l’un d’eux était dorénavant considéré comme suspect.

  • Que s’est-il passé ?

Vers 19 h 45 dimanche (1 h 45 lundi en France), deux hommes encagoulés et armés ouvrent le feu au rez-de-chaussée de la mosquée de Sainte-Foy, un quartier résidentiel de Québec, où une cinquantaine de personnes sont réunies pour la cinquième et dernière prière. Alertés par plusieurs appels d’urgence, les policiers arrivent rapidement sur place et interpellent un premier suspect à l’extérieur du bâtiment, vers 19 h 55. D’autres policiers pénètrent dans la mosquée et viennent en aide à plusieurs victimes.

A 20 h 10, un deuxième suspect appelle le 911, numéro d’urgence de la police et des services de secours. Il mentionne être armé et parle de son geste aux policiers.

  • Qui est le suspect arrêté ?

La police québécoise a annoncé lundi qu’un seul des deux jeunes hommes interpellés après une fusillade meurtrière à la mosquée de Québec dimanche était « considéré comme suspect », le second étant entendu « comme témoin ». Martin Plante, officier de la gendarmerie du Canada, a déclaré pendant une conférence de presse que les deux hommes n’étaient pas connus des services de police.

Selon le quotidien québécois La Presse, le suspect serait un étudiant en science politique qui a contacté la police pour se rendre peu après l’attaque. La police n’a pas immédiatement expliqué les raisons de ce revirement dans l’enquête, à savoir si la fusillade était l’œuvre d’un seul tireur ou si un deuxième tireur était toujours dans la nature.

  • Qui sont les victimes ?

Les six personnes tuées dimanche dans l’attaque étaient âgées de 35 à 65 ans et avaient toutes la double nationalité, a affirmé lundi le vice-président du Centre culturel islamique de Québec, Mohamed Labidi. « Il y a deux Marocains, un ou deux Algériens, un Tunisien et peut-être deux [personnes originaires] de l’Afrique subsaharienne », a-t-il déclaré en marge d’une rencontre avec les autorités.

Parmi les huit blessés, cinq sont hospitalisés en unité de soins intensifs, dont trois avec un pronostic vital engagé, a précisé lundi une porte-parole de l’hôpital universitaire de Québec. Une douzaine d’autres personnes ont reçu des soins pour des blessures superficielles.

  • Les réactions

L’attaque a été qualifiée d’« attentat terroriste », par le premier ministre canadien, Justin Trudeau. « La diversité est notre force et, en tant que Canadiens, la tolérance religieuse est une valeur qui nous est chère », a souligné M. Trudeau qui devait se rendre à Québec lundi en fin d’après-midi pour une veillée avec toutes les communautés religieuses, la classe politique et la société civile.

Le chef du gouvernement canadien avait samedi lancé un message de rassemblement et d’unité en promettant d’accueillir les réfugiés « indépendamment de leur foi ». Des propos qui se démarquaient de la politique états-unienne après la décision du président, Donald Trump, d’interdire l’entrée des Etats-Unis aux ressortissants de sept pays musulmans. Donald Trump a d’ailleurs téléphoné lundi au premier ministre du Canada pour lui présenter ses condoléances.

Dans un communiqué de l’Elysée, François Hollande « dénonce avec la plus grande fermeté l’odieux attentat » et « adresse un message de sympathie, d’affection et de solidarité au premier ministre du Québec, Philippe Couillard, et au premier ministre du Canada, Justin Trudeau ».

L’attaque a provoqué une vague d’indignation et d’émotion au Canada et des veillées aux chandelles sont programmées lundi à Québec, à Montréal ainsi qu’à Edmonton.

Les agressions visant la communauté musulmane se sont multipliées dans la province de Québec ces dernières années. En juin, une tête de porc avait été déposée devant la porte du centre culturel islamique ciblé dimanche. Dans la province voisine, l’Ontario, un incendie criminel a visé une mosquée au lendemain des attentats qui ont touché la région parisienne le 13 novembre 2015.