Karabatic, Sorhaindo et Remili à la fin de la finale contre la Norvège. | THOMAS SAMSON / AFP

« C’est très fort, très très fort... » Michaël Guigou a gagné neuf titres avec l’équipe de France de handball, mais la médaille d’or décrochée dimanche 29 janvier après la victoire des Bleus contre la Norvège (33-26), en finale du Mondial, a forcément un goût particulier. Celui d’une victoire arrachée à la maison.

« La France est au rendez vous de son Mondial, avec une compétition qui était loin d’être jouée d’avance, avec beaucoup de pression. Donc c’est simplement le gros kiff », a lâché Guillaume Gille, qui a formé un tandem d’entraîneur inédit, et déjà sacré, avec Didier Dinart.

Un Didier Dinart qui s’est même fendu, en conférence de presse, avant que les micros ne soient ouverts, d’une petite blague, histoire de décompresser : « La première mi-temps ? C’était prévu. On joue qui demain ? » Avant de vite revenir à un discours plus officiel pour évoquer son premier titre en tant qu’entraîneur, lui qui était sur le terrain en 2001.

« C’est une fierté. Je suis vraiment très heureux, mais pour le groupe, sincèrement. Quand ut as des joueurs qui viennent te féliciter et t’embrasse, mais tu sens que c’est sincère, c’est fusionnel. Pour moi, la reconnaissance des joueurs est la plus belle qu’un entraîneur puisse avoir. (...) Cette médaille a une saveur particulière, parce qu’il y avait un devoir de résultat, une obligation de gagner, tout le monde pensait que ça allait être simple parce qu’on avait su gagner à l’extérieur, et qu’en organisant ce Mondial, le résultat allait forcément être à l’arrivée. Donc j’sais pas. J’sais pas. C’est vraiment un sentiment de devoir accompli. »

Didier Dinart, le 29 janvier à Paris. | FRANCK FIFE / AFP

Heureux, Dinart l’était pourtant sans s’en cacher : « Si tu te sacrifies tout le temps, et que le jour où tu dois être heureux, tu fais le sérieux... » Celui qui avait pris l’habitude de déchirer les chemises de Claude Onesta après chaque triomphe a cependant évité le même genre de célébration : « Ils sont pas assez costauds pour m’arracher la chemise. Généralement, c’est Daniel Narcisse qui déchire mon polo, mais aujourd’hui, il s’est pas laissé emporter. »

« Un sentiment indescriptible »

Acclamé à sa sortie du terrain, Nikola Karabatic, élu meilleur joueur du Mondial par la fédération internationale, redescendait doucement sur terre.

« Quand tu pars faire la sieste avant le match, et que dans la rue t’as des supporters qui chantent la Marseillaise, tu te dis ’oh là, on peut pas les décevoir’... C’est énormément de pression, c’est pour ça que là, j’arrive pas encore à réaliser, je suis sur un nuage. Faire ça devant ma famille, mon fils, c’est du bonheur supplémentaire, c’est des moments inoubliables, ça restera gravé, personne ne pourra nous l’enlever. »

« Voilà, on est tous champions du monde ce soir, c’est énorme ! On voulait à tout prix aller chercher ce titre, pour nous, mais aussi pour les cadres, la fédération, le staff, ils le méritent énormément, après tout ce qu’ils ont donné à notre sport » a pour sa part insisté un Nedim Remili aux anges, nommé dans l’équipe type de la compétition. « Je ne réalise pas. Je ne me rend pas compte de ce que j’ai autour du cou, c’est énorme, c’est une joie immense de vivre ça avec des potes. C’est un sentiment indescriptible », enchaine celui qui est donc champion du monde à 21 ans, et dont les objectifs sont clairs. « Etre champion d’Europe à 22 ans ! Champion du monde encore à 23 ! »

Autre gamin sur le toit du monde, le pivot Ludovic Fabregas (20 ans) avouait son grand bonheur de « de ramener une sixème étoile ». « Tant de gens nous la donnaient déjà alors qu’on n’avait pas joué le match, tout le monde la voulait, moi je suis très content d’avoir eu ma première, c’est super », a-t-il expliqué, tout en avouant être « fracassé ». « J’ai mal au dos, j’ai mal aux jambes, j’ai mal partout. On a tout donné pour en arriver là, dès le début de la préparation, même dès le début de la saison après cette finale perdue des Jeux, on l’avait en travers de la gorge, mais on avait tellement envie de rebondir sur ce Mondial que on avait mis tous les ingrédients depuis quelques mois. »

« Le but du 18-17, il me rend fou »

Décisif avec ses cinq buts au compteur lors cette finale, Valentin Porte n’oublie de « féliciter les Norvégiens », mais s’emballe lorsqu’il évoque le but inscrit juste avant la mi-temps, à la sirène, peut être le tournant du match.

« Le but du 18-17 ? Celui-là il me rend fou. Ils ont la balle, il reste 20 secondes, on se dit ’on va jamais la revoir’, et puis ils font une merde, on la récupère, il reste 5 secondes, on la monte, c’est un peu désordonné, et j’arrive à marquer à la dernière seconde... C’est fabuleux, ça nous permet de passer devant à la mi-temps alors qu’on n’a pas mené du match, c’est fort. Psychologiquement, ça leur met une gifle, parce qu’on est devant à la mi-temps en jouant mal. A ce moment là, on se dit, en pensant aux Norvégiens, ’les gars, vous avez raté votre chance, c’est fini, ciao’ ».

Le Montpelliérain a aussi son programme pour la soirée : « Ce soir, je pense qu’on va sortir de notre bulle, parce que y en a marre, ça fait un mois qu’on ne voit personne, qu’on est coupés du monde. Donc là on va retrouver nos familles, nos amis, et ça va être partager ça avec eux, se poser et savourer ». Tout simplement, avec une médaille d’or autour du cou.