Accusées d’avoir pris part à la tentative de putsch en juillet dernier, près de 300 personnes sont jugées à partir de lundi 30 janvier à Izmir, dans l’ouest de la Turquie. Elles risquent toutes jusqu’à deux peines de prison à vie.

Blindés légers, drones et chiens renifleurs… La première audience a démarré sous haute sécurité, a rapporté l’agence de presse progouvernementale Anatolie. Les 270 accusés, dont 152 sont en détention préventive, sont jugés pour « tentative de renversement de l’ordre constitutionnel », « appartenance à une organisation terroriste » et « tentative de renverser le Parlement ou de l’empêcher de remplir ses devoirs ».

Fethullah Gülen jugé par contumace

Il s’agit pour la plupart de militaires, parmi lesquels figure le prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen, désigné par les autorités comme l’instigateur de la tentative de putsch, ce que l’intéressé dément catégoriquement. Il est jugé par contumace.

Les autorités turques ont à plusieurs reprises demandé son extradition à Washington, qui a répondu que la décision appartenait à la justice. Les dirigeants turcs ont pressé le nouveau président américain, Donald Trump, de « hâter le processus judiciaire ».

Figurent également sur le banc des accusés de nombreux ex-officiers de haut rang comme l’ancien général responsable de la région égéenne, Memduh Hakbilen, a indiqué l’agence Anatolie.

Plusieurs procès engagés

Les procédures judiciaires lancées après le putsch avorté sont d’une ampleur sans précédent en Turquie, où plus de 43 000 personnes ont été arrêtées dans des purges engagées après le 15 juillet et l’instauration de l’état d’urgence.

Plusieurs procès ont démarré ces dernières semaines et un tribunal a condamné au début du mois de janvier à de la prison à vie deux gendarmes reconnus coupables d’implication dans la tentative de putsch, premier jugement du genre.

Au-delà des putschistes présumés, les purges engagées après le 15 juillet visent les milieux prokurdes et les médias, ce qui a conduit des ONG à accuser le pouvoir de profiter de l’état d’urgence pour étouffer toute voix critique. L’ampleur de ces mesures suscite aussi l’inquiétude de l’Occident, notamment de l’Union européenne, dont les relations avec la Turquie se sont dégradées ces derniers mois.