• Mozart
    Arias

    Regula Mühlemann (soprano), Orchestre de chambre de Bâle, Umberto Benedetti Michelangeli (direction).

Pochette du CD Mozart, Arias par Regula Mühlemann. | DR

Une nouvelle voix mozartienne ? Cela se fête et se célèbre. La jeune soprano suisse, Regula Mühlemann, ne se contente pas d’un timbre à la fois corsé et frais, d’une variété de couleurs et de nuances jubilatoires, d’une virtuosité sûre qui, parfois ne manque pas de culot. Cette fine musicienne entretient aussi ce rapport privilégié aux mots qui font les grands interprètes. Cela vaut pour les airs de concert – ici les KV 217, 418 et 580 –, dont elle fait de véritables scènes théâtrales. Cela vaut aussi pour les airs d’opéras, qui la voient passer avec une aisance confondante de la Celia sensible et ardente de Lucio Silla au pathos délicat de Sandrina (La Finta Giardiniera), camper une Blonde éblouissante et charmeuse (L’Enlèvement au sérail), une Servilia douloureusement éplorée (La Clemenza di Tito). Quant au multirécidiviste Exsultate jubilate, cela fait bien longtemps qu’on n’avait entendu semblable perfection. L’engagement de l’Orchestre de chambre de Bâle, sous la direction vive d’Umberto Benedetti Michelangeli (le neveu du célèbre pianiste) n’y est certes pas pour rien. Marie-Aude Roux

1 CD Sony Classical.

  • Liszt
    2 Sonatas for 2 Pianos

    Ludmila Berlinskaya et Arthur Ancelle, pianos.

Pochette du CD Lizst-Saint-Saëns par le duo Berlinskaya-Ancelle | Melodyia

Des œuvres célèbres interprétées à deux pianos… « A quoi bon ? », serait-on tenté de dire en abordant ce programme multipliant les premières mondiales au disque. D’autant que l’essentiel est fourni par Liszt, qui n’a pas son pareil pour donner l’illusion que le pianiste utilise quatre mains pour jouer ses solos ! Pas de surenchère virtuose, pourtant, dans ces versions magnifiquement « dédoublées » par le duo Ludmila Berlinskaya et Arthur Ancelle, mais un éclairage différent de la partition qui, en photographie, consisterait à passer de la lumière naturelle (solo) à celle du studio (duo). La Sonate en si mineur (transcrite par Saint-Saëns) et sa sœur jumelle, Après une lecture du Dante (transcrite par Arthur Ancelle), cultivent alors la dualité dans une dimension surnaturelle (technique transcendantale et expression féerique), qui est aussi l’apanage de la Danse macabre. Plutôt dans la transcription de Saint-Saëns lui-même, aussi imagée que la version pour orchestre, que dans celle du trio Liszt-Horowitz-Ancelle, qui relève presque du remix improvisé. Pierre Gervasoni

1 CD Melodyia.

  • Céline Ollivier
    Grands Espaces

L’album « Grands Espaces », de Céline Ollivier. | LE CHANT DU CROCODILE/L'AUTRE DISTRIBUTION

Un peu partout dans la presse musicale spécialisée est annoncée une année 2017 féminine et plutôt pop avec la mise en avant de Fishbach, Cléa Vincent, Juliette Armanet, Tiphaine Lozupone du duo Blondino, Clara Luciani… Ajoutons-y Céline Ollivier avec Grands Espaces, son deuxième disque après La Femme à l’éventail, publié en 2012, qui avait déjà attiré l’attention. Ce nouvel album séduit encore plus. On y entend un beau travail vocal de sa part, par superpositions chorales à certains moments (Où je reprends mon souffle, pour entrer dans ces Grands Espaces), une justesse, un maniement précis du souffle pour donner corps et vie aux mots. Musicalement, Céline Ollivier passe de l’épure d’une guitare acoustique ou d’un piano (Tes lèvres sur mon front) à des déploiements orchestraux subtils, avec effets de cordes, percussions, volutes électriques. Il y a, en douze chansons, dans Grands Espaces, de la sensibilité, de l’élégance, une sensualité caressante. Nos préférées, Les Goélands, Le Rouleau, le chaloupement de Tes vertiges et, en conclusion emportée, Une saison. Sylvain Siclier

1 CD Le Chant du crocodile/L’Autre Distribution.

  • Divers artistes
    Une anthologie du khöömii mongol

Pochette de  la compilation « Une anthologie du khöömii mongol », Buda musique/Universal Music. | DR

Plus de deux heures et demie de chant diphonique (khöömii) mongol ! Ce n’est pas donné à la première oreille venue de tenir la distance, une fois passé le premier étonnement face à ces voix qui inventent des mondes sonores étranges, en superposant sons gutturaux et sifflements harmoniques. Ceux qui craignent la saturation devront déguster par étapes les sons de cette anthologie conçue par Johanni Curtet, un ethnomusicologue à qui l’on doit la découverte, au disque, ou sur scène, de plusieurs grands interprètes de khöömii. Il propose ici un voyage passionnant et rare (il n’existait pas, jusqu’alors, de travail éditorial aussi complet sur le sujet) qui, à travers des archives, des enregistrements de terrain ou de studio, couvre une période allant de 1954 à 2016. Celui-ci permet d’approcher la multiplicité d’expressions du khöömii, au masculin (essentiellement) ou au féminin (les femmes ont commencé à l’interpréter à partir du milieu des années 1980), de ses formes les plus traditionnelles aux plus contemporaines (mélangé au rock, intégrant la scansion rap ou chanté en polyphonie). Patrick Labesse

2 CD Buda musique/Universal Music.