Anthony Mounier en 2008 en Ligue 1 sous le maillot lyonnais. | © Robert Pratta / Reuters / REUTERS

La rivalité entre Lyon et Saint-Etienne, ancestrale et parfois violente, n’était encore jamais allée aussi loin : Anthony Mounier et l’ASSE ont renoncé, lundi, à ce que le joueur porte le maillot des Verts, face à l’hostilité de certains supporters.

Selon une source proche du club stéphanois, l’attaquant, arrivé seulement la semaine dernière en provenance de Bologne, est déjà reparti en Italie. Les deux clubs sont en train de régler les derniers détails administratifs pour mettre un terme à son contrat de prêt, ce qui nécessite de lui trouver d’abord un nouveau point de chute, qui pourrait être Bergame, selon la même source.

L’attaquant, qui peut aussi jouer milieu offensif, âgé de 29 ans et originaire d’Aubenas (Ardèche), avait été prêté jusqu’à la fin de la saison, avec une option d’achat de deux millions d’euros, par Bologne, où il était sous contrat depuis un an et demi. Mais son séjour dans la Loire a tourné court face à l’hostilité de certains supporteurs stéphanois.

« Mounier : nos couleurs ne seront jamais les tiennes !!! »

La semaine dernière, avant même l’officialisation de son arrivée, les ultras des Green Angels avaient déployé une banderole sur les grilles du centre d’entraînement stéphanois et du stade Geoffroy-Guichard, indiquant : « Mounier : nos couleurs ne seront jamais les tiennes !!! ».

En cause, le fait qu’il ait été formé à Lyon, le rival historique des Verts. Et la façon dont il avait célébré le but victorieux de son équipe (Nice) lors d’un match au Chaudron en mars 2012, perdu 3-2 à la dernière minute par l’ASSE. « On les baise les Verts, on les baise », avait alors lancé le joueur, passé également par Montpellier.

Lors de sa présentation à la presse, le 27 janvier, Mounier avait tenté de calmer le jeu. « Je suis prêt à venir m’expliquer devant les supporteurs pour partir sur de bonnes bases. J’ai commis des erreurs de jeunesse. J’ai demandé au président [du club, Roland Romeyer, NDLR] la possibilité de les rencontrer », avait-il dit.

Mounier avait ensuite rejoint les Verts en stage à Toulouse, où ils ont battu dimanche le TFC (3-0). L’attaquant aurait dû être sur la feuille de match, mais l’entraîneur, Christophe Galtier, avait finalement jugé le contexte peu propice. Ne pas l’inscrire ménageait aussi la possibilité d’un retour à Bologne : dans le cas contraire, Mounier aurait été pénalisé sur le plan réglementaire, puisqu’un joueur ne peut être prêté deux fois au cours de la même saison. Son absence n’a pas empêché les supporteurs stéphanois qui avaient fait le déplacement à Toulouse de l’insulter copieusement.

Retour de Toulouse dans un avion différent

Selon le site du Parisien, Mounier aurait aussi reçu des menaces de mort sur les réseaux sociaux et sur son téléphone. Il aurait refusé de rentrer de Haute-Garonne dans le même avion que son équipe, de crainte de croiser des supporters hostiles à son arrivée à l’aéroport dans la Loire. Les gendarmes du département ont démenti des informations selon lesquelles ils auraient assuré une « protection individuelle » au joueur, évoquant cependant « des échanges permanents » avec le club « afin d’évaluer la situation et de déterminer la menace qui pouvait peser sur lui ».

L’ASSE avait déjà approché Mounier à deux reprises, avant de lui préférer d’autres joueurs, comme Franck Tabanou. Dans le passé, en dépit de la rivalité entre Lyon et Saint-Etienne, 41 joueurs ont porté les couleurs des deux clubs, dont Bernard Lacombe, Grégory Coupet, Aimé Jacquet, Bafétimbi Gomis ou Laurent Fournier. L’actuel entraîneur, Christophe Galtier, est aussi passé par l’OL en 2008, comme adjoint d’Alain Perrin, avec lequel il était ensuite arrivé à Saint-Etienne en tant qu’assistant en décembre 2008.

Mais la haine de certains supporteurs est parfois sans limite. En mars 2016, un homme présenté comme un ex-ultra lyonnais avait été condamné par le tribunal de Saint-Etienne à un an d’emprisonnement, dont six mois avec sursis, pour avoir participé à l’agression d’un employé de banque supporteur des Verts. En septembre 2015, dix ultras verts avaient saccagé un buffet de mariage dans le Beaujolais à coups de barres de fer, de battes de baseball et de matraques, croyant alors s’en prendre à un fan de l’OL. La noce visée n’était pas la bonne, mais la justice les a condamnés depuis.