Une enquête onusienne sur dix frappes aériennes menées par la coalition internationale dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen a conclu que la plupart d’entre elles ne visaient pas des cibles militaires légitimes et pourraient être qualifiées de crimes de guerre, selon un rapport obtenu lundi 30 janvier par l’AFP.

Les experts des Nations unies (ONU) ont également affirmé dans leur compte-rendu que les rebelles Houthis avaient torturé et maltraité des prisonniers, des comportements qui pourraient également être considérés comme des crimes de guerre.

Les dix bombardements examinés ont eu lieu entre mars et octobre 2016, et ont causé la mort d’au moins 292 civils dont au moins 100 femmes et enfants.

« Dans huit des dix enquêtes, le groupe n’a trouvé aucune preuve que les frappes aériennes avaient ciblé des objectifs militaires légitimes », selon le rapport transmis vendredi au Conseil de sécurité. « Pour la totalité des dix enquêtes, le groupe considère qu’il est presque certain que la coalition n’a pas respecté les requis de la législation humanitaire internationale en matière de proportionnalité et de précautions. » Et d’ajouter que « le groupe considère que certaines attaques pourraient constituer des crimes de guerre ».

La campagne aérienne de la coalition a débuté en mars 2015 en soutien au président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, pour repousser les rebelles après leur prise de la capitale Sanaa et d’autres régions du pays.

Les accusations rejetées par l’Arabie Saoudite

Pour les experts, les violations « sont suffisamment étendues pour démontrer soit un processus de ciblage inefficace soit une politique plus large de destruction des infrastructures civiles ».

Environ 10 000 civils ont été tués depuis l’entrée en action de cette coalition, selon l’ONU. Le groupe d’experts a prévenu que ceux soutenant la coalition pourraient également faire l’objet de sanctions onusiennes. Cette coalition est composée également du Bahreïn, du Koweït, du Qatar, des Emirats arabes unis, avec l’assistance de l’Egypte, de la Jordanie, du Maroc et du Soudan.

Les Etats-Unis apportent un soutien logistique et en matière de renseignements. Selon le rapport, des officiers du Royaume-Uni, de France et de Malaisie travaillent également au quartier général de la coalition à Ryad.

L’Arabie saoudite a rejeté les accusations selon lesquelles elle visait intentionnellement des civils au Yémen, et rétorqué que l’Iran armait les Houthis pour étendre son influence dans la région. Ce que Téhéran dément.

Les experts onusiens ont relevé qu’ils « n’avaient pas relevé assez d’éléments pour confirmer un ravitaillement direct et à grande échelle d’armes » par l’Iran aux Houthis, mais qu’il y avait des « indications » selon lesquelles des armes anti-char de fabrication iranienne avaient été fournies aux rebelles.