Marisol Touraine, à l’Elysée, le 25 janvier 2017. | CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Tout en l’assurant de son soutien, le premier ministre, Bernard Cazeneuve, a prévenu Benoît Hamon, lundi 30 janvier, que la gauche « ne réussira pas sans assumer le bilan du quinquennat de François Hollande ». Mardi, ce sont plusieurs membres du gouvernement qui ont enfoncé le clou sur ce thème et mis le candidat du Parti socialiste à l’élection présidentielle devant ses responsabilités, en expliquant au récent vainqueur de la primaire à gauche que leur soutien n’était pas acquis.

  • Touraine : « S’il ne change pas de ligne, il ne rassemblera pas »

La ministre de la santé, Marisol Touraine, a insisté, au micro de RTL, sur le rassemblement que devait mettre en place Benoît Hamon pour espérer emporter l’élection présidentielle :

« Comme candidat du Parti socialiste, Benoît Hamon a la responsabilité de rassembler la gauche et au-delà, pour pouvoir gagner, pas pour participer. S’il ne change pas de ligne, il ne rassemblera pas. »

Mme Touraine, qui n’a soutenu aucun candidat dans le cadre de la primaire, a critiqué la vision de la société du travail de M. Hamon :

« Je ne crois pas à la fin du travail, je ne crois pas que nos entreprises ne pourront plus créer d’emplois. […] Je ne me suis pas reconnue dans le programme de la primaire de Benoît Hamon, sinon je l’aurais soutenu. »
  • Sapin : « La fierté de ce qui a été fait »

Le ministre de l’économie, Michel Sapin, qui s’exprimait sur France Inter, a lui aussi mis en garde M. Hamon et demandé au candidat d’assumer le quinquennat, ne serait-ce qu’en partie :

« Il ne peut pas rassembler s’il le fait uniquement sur la critique de ce que nous avons fait pendant cinq ans. Il ne peut rassembler que s’il a la fierté de ce qui a été fait pendant cinq ans. Est-ce que cela veut dire aucune critique ? Non. (…) Mais s’il veut symboliser les échecs, l’opposition au quinquennat, il perdra. »

M. Sapin a estimé que M. Hamon avait désormais « quinze jours, trois semaines » pour faire « les gestes qui permettront le rassemblement et la dynamique à gauche ». Il a ainsi appelé le candidat à la « responsabilité » :

« Ça ne sert à rien de promettre quelque chose si on n’est pas capable, ensuite, le mettre en musique. »
  • Le Guen : « Candidature indiscutablement très clivante »

Jean-Marie Le Guen, le secrétaire d’Etat chargé du développement et de la francophonie, proche de Manuel Valls, a lui aussi fait entendre ses attentes dans une interview au Parisien :

« La candidature de Benoît Hamon est indiscutablement très clivante. A lui de faire des gestes. Veut-il être le candidat des socialistes ou être dans la concurrence à gauche de la gauche ? »

« Il faut qu’il fasse des gestes substantiels, s’agissant à la fois de ses propositions, de la manière dont il envisage le quinquennat », a également déclaré M. Le Guen sur Franceinfo.

Interrogé par Le Parisien sur l’effet d’attraction possible d’Emmanuel Macron, M. Le Guen reconnaît qu’« effectivement, un certain nombre d’élus, de militants ou d’électeurs regardent ce qui se passe du côté » de l’ex-ministre de l’économie, qui s’est lancé dans la course présidentielle avec son mouvement En marche !. « Mais il y a encore beaucoup trop d’inconnues, de flou sur son programme, ses orientations et sa méthode de rassemblement », ajoute M. Le Guen.

Alors que certains députés PS ont fait savoir, dans une tribune publiée dans Le Monde mardi, qu’ils revendiquent un « droit de retrait », le secrétaire d’Etat indique qu’un possible exode des réformistes du PS ne le « gêne » pas :

« On peut être socialiste et appeler à voter Macron. Quand les frondeurs ont frondé, ils n’ont pas demandé un droit de retrait ! »