Rex Tillerson avant son audition au Sénat le 11 janvier à Washington. | ALEX WONG / AFP

Donald Trump a réussi à faire approuver par le Sénat mercredi 1er février son chef de la diplomatie, Rex Tillerson. C’est après une bataille acharnée que les sénateurs ont confirmé l’ancien PDG d’ExxonMobil au poste de secrétaire d’Etat, par 56 voix en sa faveur contre 43. L’industriel texan de 64 ans devient ainsi le visage de la diplomatie américaine, succédant à John Kerry qui a quitté son poste le 19 janvier.

Selon le New York Times, la confirmation du poste de M. Tillerson reste l’une des plus serrée de l’histoire récente des Etats-Unis pour un secrétaire d’Etat. « Ces cinquante dernières années, les confirmations les plus contestées pour des secrétaires d’Etat étaient celles de Condoleezza Rice en 2005 (85 voix pour, 13 contre) et Henry Kissinger en 1973 (78 voix pour, 7 contre) », affirme le quotidien.

Les choses risquent d’être encore plus compliquées pour d’autres candidats choisis par Donald Trump. En effet, après avoir vu la plupart de leurs efforts bloqués pendant une bonne partie de la présidence Barack Obama par un Congrès à majorité républicaine, encaissé une défaite à la présidentielle et assisté impuissants aux prémices de démolition de l’héritage d’Obama, les démocrates tiennent l’occasion de prendre leur revanche.

Le leader de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a d’ores et déjà prévenu qu’il insistera pour que le nouveau juge à la Cour suprême retenu par Donald Trump, Neil Gorsuch, soit confirmé avec une supermajorité de 60 votes de sénateurs sur 100. Il n’y a que 52 sénateurs républicains et ce scénario les obligerait à convaincre au moins huit de leurs adversaires démocrates.

En cas de blocage, les républicains pourraient aussi changer les règles pour pousser leur candidat à travers une majorité simple, « l’option nucléaire » comme est surnommée cette éventualité. « Nous voulons [passer] par un processus de nomination élégant, pas par un processus dégradant parce qu’ils sont vraiment dégradants de l’autre côté, et ils veulent vous faire passer pour aussi mauvais que possible, et la presse peut être très dégradante aussi », a lancé Donald Trump lors d’une réunion avec Neil Gorsuch.

Résistance des élus démocrates

Les élus démocrates veulent entrer en résistance et l’ont fait savoir dès l’annonce de la nomination du neuvième sage de la haute cour. Il faut dire qu’après la mort soudaine du juge Antonin Scalia en février dernier, les sénateurs républicains avaient refusé d’auditionner le candidat choisi par Barack Obama pour le remplacer, Merrick Garland.

Cette politique d’obstruction, critiquée car sabotant le jeu normal des institutions, semble avoir fini par payer pour les républicains, même si le processus de confirmation du juge Gorsuch pourrait, en tout état de cause, durer plusieurs mois.

Donald Trump fustige depuis plusieurs jours le blocage systématique de ses adversaires politiques, qui ont boycotté plusieurs auditions de commissions sénatoriales pour entendre les candidats controversés pour les postes de ministres du Trésor (Steven Mnuchin) et de la santé (Tom Price).

La réponse des républicains a été cinglante : ils ont contourné mercredi la règle du quorum pour faire approuver ces deux ministres, une décision sans précédent. MM. Mnuchin et Price doivent toutefois encore être approuvés par le Sénat dans son ensemble, à la majorité simple.

Les choses sont encore plus mal engagées pour la candidate au poste de ministre de l’éducation, Betsy DeVos : elle a été si peu convaincante lors de ses auditions que deux sénatrices républicaines ont annoncé qu’elles ne voteraient pas pour elle, ouvrant la voie à une éventuelle égalité à 50 voix favorables et 50 voix contre. Le vice-président Mike Pence serait alors appelé à faire basculer le vote dans un sens ou dans l’autre, à moins que davantage de républicains ne fassent défection, ce qui mettrait Mme DeVos dans une position très précaire.