Lilâ Le Bas, présidente de l’UNEF, le 7 septembre 2016. AFP PHOTO / LOIC VENANCE | LOIC VENANCE / AFP

C’est désormais acté : le temps où l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) revendiquait le titre de premier représentant des étudiants en France est révolu. En tout cas d’après les résultats des élections au Conseil national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous), le 31 janvier. La Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) s’est imposée avec cinq représentants étudiants élus au conseil d’administration, contre trois pour sa rivale. « C’est un score historique, aucune organisation étudiante n’a jamais eu une telle majorité », se réjouit Jimmy Losfeld, président de la FAGE, qui se présente désormais comme la « première organisation étudiante de France ». « Au-delà du paysage du syndicalisme étudiant, il s’agit d’un message fort par rapport aux idées que nous défendons : il y a urgence, la nation doit se fixer une nouvelle priorité jeunesse », souligne-t-il.

La tendance était enclenchée depuis quelques années : en janvier 2015 déjà, l’UNEF et la FAGE se sont retrouvées au coude-à-coude avec le même nombre de représentants – quatre chacune – après une forte poussée de la seconde.

En réalité, cette répartition nouvelle était attendue : elle est le fruit d’une élection en deux temps. 196 représentants étudiants ont été élus en novembre 2016 dans les 28 conseils régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous). La FAGE a alors obtenu 76 élus, contre 66 pour l’UNEF – d’après les chiffres du Crous, contestés par la FAGE qui en revendiquait environ 80. Les autres élus se répartissaient entre le syndicat de droite UNI et diverses petites listes. Ce sont ces « grands électeurs » qui viennent de désigner leurs représentants au conseil d’administration du Cnous, instance nationale qui pilote les politiques de logement, de restauration et de services.

Lors de ce vote final, le 31 janvier, la FAGE a conforté son avance, en obtenant un total de 91 voix de grands électeurs, contre 67 pour l’UNEF. Dix-sept voix se sont portées sur Promotion et défense des étudiants (PDE), 12 voix sur l’UNI, ce qui n’a pas été suffisant à ces deux formations pour obtenir un représentant, dans ce système étudiant qui s’est bipolarisé depuis plusieurs années.

Faible participation

Cette défaite, l’UNEF préfère y voir la faute à l’abstention grandissante. Seuls 183 000 étudiants se sont déplacés, soit un taux de participation de 7,51 %, encore plus faible que les 9,1 % de 2014. « C’est le signe du fossé qui se creuse entre les étudiants et les pouvoirs publics. Le vote étudiant n’apparaît plus comme un outil d’action pour être entendu auprès de l’Etat pour améliorer nos conditions d’études », décrit sa présidente, Lilâ Le Bas.

Pour le syndicat de gauche, il n’y a pas de « bouleversement du rapport de force entre organisations étudiantes », assure-t-elle, arguant que le nombre total de voix étudiantes obtenues par l’UNEF resterait supérieur, dans ce mode de scrutin comparable à celui du modèle américain. Ce que conteste la FAGE. « Il faut reconnaître ce résultat qui est clair. Il y a un changement de paradigme en faveur d’une organisation de terrain, qui pratique un syndicalisme de service, réformiste et au-delà des idéologies partisanes », insiste Jimmy Losfeld.