Passé le rally du début d’année, Wall Street va-t-il se lasser des extravagances de Donald Trump ? | NICHOLAS KAMM / AFP

Crainte d’un ralentissement brutal de l’économie chinoise en début d’année, chute des cours des matières premières, Brexit, élection de Trump et retour de l’inflation, 2016 aura été un millésime intense pour les gestionnaires de fonds. A l’arrivée, les marchés d’actions ont fait mieux que résister puisque l’indice MSCI monde affiche une progression de 5,6 %. Pour autant, les surprises furent nombreuses et les gagnants ne sont pas forcément ceux que l’on attendait en début d’année.

La surprise est venue des pays émergents, plombés au cours des premiers mois par la chute des prix des matières premières, en particulier par celle du pétrole. Mais le rebond spectaculaire du baril – son prix a doublé en moins d’un an –, a changé la donne. « Les fonds émergents se sont distingués en gagnant plus de 12 % en moyenne jusqu’à l’élection de Donald Trump, surclassant les fonds investis en actions américaines », constate David Desolneux, directeur de la gestion de KBL Richelieu.

En revanche, les actions européennes, pourtant promises à un rattrapage après une année 2015 difficile, ont une nouvelle fois déçu. Les fonds investis en actions européennes ont souffert de la désaffection des investisseurs : ils ont subi une sévère décollecte, avant de se reprendre en fin d’année.

La poursuite de la baisse des taux d’intérêt a soutenu le compartiment obligataire, même si la fin de l’année a nettement été plus difficile. Clairement, la remontée progressive des taux longs n’est pas de bon augure pour cette classe d’actifs en 2017.

Si les signes montrant une accélération de la croissance économique mondiale incitent les gérants à l’optimisme sur les actions, l’année 2017 sera aussi ponctuée de rendez-vous politiques importants, susceptibles de provoquer des à-coups sur les marchés.

En Europe, des élections sont attendues aux Pays-Bas, en France et en Allemagne. Aux Etats-Unis, l’installation de l’équipe Trump à la Maison Blanche risque de tourner à la farce. Wall Street pourrait se lasser des extravagances du nouveau président américain, et notamment de ses mesures contre le libre-échange. Enfin, en Asie, la tenue en fin d’année du congrès du Parti communiste chinois devrait donner plus d’éclaircissement sur la stratégie de la locomotive de l’économie mondiale, qui doit gérer le ralentissement de sa croissance.

Malgré la remontée des taux aux Etats-Unis, qui va favoriser le dollar, les marchés émergents pourraient tirer leur épingle du jeu, à condition que les prix des matières premières restent bien orientés. « Ces pays ont fortement restructuré et équilibré leur balance des paiements. En outre, une plus grande proportion des pays émergents se financent aujourd’hui en devise locale plutôt qu’en devises fortes », estime Clémence Dachicourt chez Morningstar.

Le discours des gérants devient beaucoup plus prudent sur les Etats-Unis. Si les experts reconnaissent les fondamentaux solides de la première économie mondiale (plein emploi, croissance dynamique, etc.), ils estiment que les valorisations des actions américaines sont désormais tendues. « C’est un marché extrêmement cher, les actions valent près de 18 fois les bénéfices attendus pour 2017 et nous pensons que le consensus des analystes est trop optimiste », déclare Mme Dachicourt.

Un avis partagé par Jérôme Tavernier, directeur de la gestion collective VEGA IM : « Le marché américain est complaisant et voit les mesures Trump comme un gain significatif de croissance, avec un peu plus d’inflation en plus. La vérité, c’est qu’on ne connaîtra pas leur véritable impact avant 2018 ! »