Le siège de Bosch à Stuttgart, en Allemagne. | SEBASTIAN KAHNERT / AFP

Bosch s’est résolu à payer pour le « dieselgate » aux Etats-Unis. Le sous-traitant automobile allemand a annoncé, mercredi 1er février, s’être entendu avec les plaignants américains sur une compensation à hauteur de 327,5 millions de dollars (303 millions d’euros), en échange de l’arrêt des poursuites. Bosch solde ainsi un contentieux judiciaire avec les propriétaires de véhicules et les revendeurs de voitures d’occasion, qui estimaient que le groupe était complice de la manipulation des quelque 500 000 véhicules de Volkswagen équipés d’un logiciel trompeur aux Etats-Unis.

Bosch a cependant précisé que ce règlement ne changeait rien à la ligne de défense qu’il tient depuis le début de l’affaire : il n’a fait que livrer à Volkswagen le système d’injection et les pièces du système antipollution, il n’est pas responsable de ce qu’en a fait le constructeur. Contrairement à Volkswagen (VW), l’équipementier n’a jamais reconnu avoir participé à la manipulation de 11 millions de véhicules pour contourner les contrôles antipollution. « Par cet accord, Bosch ne reconnaît ni la validité de l’exposé des faits des plaignants, ni une quelconque culpabilité, » a précisé le groupe de Stuttgart dans un communiqué. En d’autres termes, Bosch a préféré payer pour clôturer l’affaire plutôt que de prendre le risque d’un procès long, à l’issue incertaine.

« Bosch se trouve au milieu du plus gros processus de transformation de son histoire », s’est justifié le PDG du groupe, Volkmar Denner. « Nous voulons consacrer toute notre attention au bouleversement actuel dans l’automobile et dans d’autres secteurs. » L’équipementier solde ainsi la plus grosse partie des plaintes au civil qui lui étaient adressées aux Etats-Unis. Une petite partie reste encore à régler, qui ne devrait coûter qu’une somme bien plus faible à l’entreprise. Celle-ci est en revanche toujours sous le coup d’une enquête au plan pénal.

Dédommagement

Volkswagen (VW) a également conclu mercredi un accord avec des plaignants aux Etats-Unis. Il s’agissait cette fois-ci de 80 000 véhicules équipés d’un moteur diesel 3 litres, principalement les grosses voitures du groupe : Porsche Cayenne, Volkswagen Touareg ainsi que différents modèles de la marque Audi. La somme devrait s’élever au total à 1,2 milliard d’euros, sous forme de réparations, rachats ou indemnisations, accordés aux clients concernés.

Pour le constructeur, ce nouveau versement alourdit la facture du dieselgate aux Etats-Unis, qui dépasse maintenant largement l’enveloppe prévue dans le dernier bilan pour faire face aux suites du scandale. VW avait provisionné 18,2 milliards d’euros l’an dernier dans la perspective des procès et diverses réparations. Or 16 milliards de dollars ont déjà été dépensés pour indemniser les propriétaires américains des 475 000 véhicules équipés d’un moteur 2L. A cela s’ajoute l’amende de 4,3 milliards de dollars négociée en janvier avec le ministère de la justice à Washington. 1,2 milliard de dollars ont été promis aux revendeurs VW aux Etats-Unis qui n’ont pas pu vendre leurs véhicules diesel à la suite du scandale. Sans compter le Canada, où le groupe a accepté mi-décembre d’indemniser ses clients à hauteur de 2,1 milliards de dollars canadiens (1,5 milliard d’euros).

En Europe, 8,5 millions de véhicules diesel doivent être réparés. Et VW est sous la menace de milliers de plaintes de propriétaires qui exigent un dédommagement. Pour l’instant, VW refuse toute indemnisation à ses clients européens, arguant de la différence entre le droit européen et le droit américain.

Pour faire face à ces risques, Volkswagen peut s’appuyer sur des ventes qui restent solides en dépit du scandale. En 2016, le constructeur a ravi à son rival Toyota sa place de premier constructeur mondial. Avec ses douze marques, le groupe allemand a vendu 10,3 millions de véhicules l’an dernier, soit une progression de 3,8 % par rapport à 2015, contre 10,17 millions pour Toyota. VW doit son succès à la Chine, où il a vendu 3,982 millions de véhicules, soit 12,2 % de plus qu’en 2015. Un marché sur lequel le diesel joue un rôle mineur.