Dans quelles conditions François Fillon abordera-t-il, jeudi 2 février, son déplacement dans les Ardennes ? Le candidat de la droite, mis en cause dans une affaire d’emploi supposé fictif concernant la rémunération de son épouse comme assistante parlementaire, se rend à Charleville-Mézières, jeudi après-midi, où il donnera un meeting en fin de journée. Au même moment, de nouvelles révélations alourdissent le dossier et ses proches dénoncent une machination venue du pouvoir en place.

  • « Je n’ai jamais été son assistante »

L’émission « Envoyé spécial » doit diffuser jeudi 2 février au soir, sur France 2, des extraits vidéo inédits d’une interview de Penelope Fillon, dans laquelle, elle affirme, à propos de son mari, qu’elle n’a « jamais été son assistante » et qu’elle ne s’est « pas occupée de sa communication non plus ».

Des propos qui viennent faire peser de nouvelles ombres sur la nature de son travail lorsqu’elle était rémunérée comme assistante parlementaire de son mari. D’après Le Canard enchaîné, elle a occupé cette fonction entre 1988 et 1990 puis entre 1998 et 2002, alors même que plusieurs témoins affirment n’avoir pas de souvenir d’elle sur le terrain, alimentant des soupçons d’emploi fictif.

  • La garde rapprochée de François Fillon continue d’accuser le pouvoir

Dans la lignée des déclarations du candidat de la droite, qui avait dénoncé un « coup d’Etat institutionnel » venu de « la gauche », ses lieutenants accusent une nouvelle fois, jeudi matin, le pouvoir en place, n’hésitant pas à jeter des noms en pâture.

« A qui profite le crime ? C’est manifestement au pouvoir », a déclaré Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, à Franceinfo, et « incontestablement, cela profite aussi à Emmanuel Macron ». M. Macron « est très proche du président de la République, du secrétaire général de l’Elysée [Jean-Pierre Jouyet], qui l’a fait monter », a-t-il ajouté.

Interrogé par Public Sénat sur l’affaire, le député Bernard Debré, conseiller de François Fillon, s’est dit persuadé que « tout est monté depuis l’Elysée » pour « voler à la droite son élection ». Il a nommément visé « M. Nadal, qui a été nommé par le gouvernement », faisant référence au juge Jean-Louis Nadal, désormais à la tête de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique après avoir été procureur général près la Cour de cassation. Debré affirme également que derrière ces révélations il y a un « conseiller de François Hollande, qui est là pour ça ».

  • « Notre soutien à François Fillon est total »

Dans une tribune publiée dans Le Figaro, dix-sept élus du parti Les Républicains (LR) affichent leur « soutien total » à François Fillon et dénoncent « rumeurs, approximations, calomnies », « déversées sur la place publique ». Parmi les signataires figurent le secrétaire général de LR, Bernard Accoyer, les anciens candidats à la primaire Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire et Jean-François Copé, le président du Sénat Gérard Larcher ou encore les ex-ministres François Baroin et Laurent Wauquiez. Ils y déclarent :

« Si le sort de François Fillon nous importe, le sort de la France nous inquiète, tant cette tentative de mise à mort vise à instaurer un face-à-face mortel : celui entre la gauche et le Front national, entre l’imposture et l’aventure, entre ceux qui ont échoué et ceux qui échoueront. Mais que les comploteurs et les manipulateurs en soient avertis : jamais nous ne laisserons prendre en otage ni la démocratie ni le destin de notre pays. »
  • Une tribune en préparation pour un « plan B »

Philippe Gosselin, député LR de la Manche, qui a été parmi les premiers à envisager tout haut un retrait de la candidature de François Fillon, a redit, jeudi matin au micro de RMC, que, selon lui, « le temps est compté » avant le premier tour de la présidentielle, le 23 avril. « S’il y a besoin, nous devons être prêts », a-t-il encore insisté car « on est à un stade ou plus aucune hypothèse, positive ou négative, ne peut être écartée ».

Le député, qui soutenait Alain Juppé lors de la primaire, demande à nouveau au maire de Bordeaux de se préparer et confirme l’existence d’une tribune en ce sens qui serait prête à être signée par plusieurs dizaines de parlementaires. Mercredi soir, Alain Juppé avait toutefois balayé le fait d’être le « plan B ».

« J’ai dit la semaine dernière ce que je pensais et je n’ai pas varié. En toute hypothèse, je ne serai pas le plan B. »