La mezzo-soprano Marianne Crebassa a été récompensée dans la catégorie artiste lyrique). | Fernando Arias/Contrasto/REA Pour Le Monde

Unique émission de musique classique sur une chaîne de télévision du service public en prime time, les 24es Victoires de la musique classique, qui se tenaient mercredi 1er février à l’auditorium de Radio France, à Paris, ont été diffusées en direct sur France 3 et France Musique. Au terme de cette longue cérémonie de plus de trois heures sont repartis avec un trophée la mezzo-soprano Marianne Crebassa (catégorie artiste lyrique), le pianiste Adam Laloum (catégorie soliste instrumental), le compositeur Thierry Escaich (pour son oratorio Cris), les Percussions de Strasbourg (Burning Bright, d’Hugues Dufourt, dans la catégorie enregistrement) et, pour les révélations de l’année, la percussionniste Adélaïde Ferrière (instrumental) et la mezzo-soprano Lea Desandre (lyrique).

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Un Rossini de haut vol

Rythmée par les interventions de Frédéric Lodéon, scandée par les « bravo et merci » de l’élégante Leila Kaddour-Boudadi, ces Victoires ont suivi la recette qui a fait leur succès. Une succession de courts morceaux conjuguant répertoire grand public et œuvres moins connues – du « Vissi d’arte », de Tosca, par Sonya Yoncheva à Juditha Triumphans, d’Haendel, par Lea Desandre (« Armatae face et anguibus »), de la « Séguedille », de Carmen, par Stéphanie d’Oustrac au Concerto pour piano, de Schumann, par Adam Laloum, de la Danza, de Rossini, par Julien Behr à « D’amour l’ardente flamme », tiré de l’Orphée et Eurydice, de Gluck, par Marianne Crebassa.

Plans rapides et séquencés, lumières façon showbiz, la réalisation, très asyndétique, donne parfois le tournis. On aura quand même le temps d’apercevoir deux paires de moustaches – celles de Lucas Debargue (dernier mouvement du Concerto n° 1 pour piano, de Tchaïkovski) et de Philippe Jaroussky (Haendel : air de Flavio,« Rompo i lacci »).

Le ténor star, Jonas Kaufmann, qui a fait son grand retour à l’Opéra de Paris dans Lohengrin, de Wagner, attendu pour la première fois sur le plateau de cette cérémonie, est reparti avec une Victoire d’honneur. Son Parla più piano, de Nino Rota, nous a laissés sur notre faim : promo oblige, l’air fait partie de son dernier album, Dolce vita,sorti à l’automne dernier chez Sony.

Le ténor star, Jonas Kaufmann, qui a fait son grand retour à l’Opéra de Paris dans Lohengrin, est reparti avec une Victoire d’honneur

La charismatique contralto canadienne, Marie-Nicole Lemieux, nous a, elle, régalé d’un Rossini de haut vol (« Cruda sorte », extrait de l’Italienne à Alger), tandis que la belle Raquel Camarinha campait une électrisante Giuditta, de Franz Lehar (« Meine Lippen, sie küssen so heiss »). Joli moment aussi que cette Cardas, de Monti, jouée en trio par le mandoliniste Julien Martineau, le guitariste Thibault Cauvin et Yann Dubost à la contrebasse.

L’Orchestre philharmonique de Radio France sous les directions conjuguées de Mikko Franck (dont le mandat vient d’être renouvelé jusqu’en 2022) et de son assistante, la classieuse Elena Schwarz, a partagé le plateau avec l’ensemble baroque de Thibault Noally, Les Accents. Avec 1,5 million de téléspectateurs en 2015, 600 000 de plus en 2016, France 3 espérait faire aussi bien en 2017 que la récente participation à la primaire à gauche.