En politique, la parité avance… à petits pas. Si les réformes électorales ont accru la présence des femmes dans les assemblées locales, elles peinent à accéder aux fonctions exécutives, selon un rapport publié jeudi 2 février par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, remis à la ministre des droits des femmes, Laurence Rossignol.

Concernant les élus, la parité a été quasi atteinte dans les conseils régionaux à partir de 2004, grâce à des listes alternant hommes et femmes.

Des conseils régionaux quasi-paritaires depuis 2004
La loi impose une alternance homme-femme sur les listes depuis 2003. (Les données par sexe ne sont pas disponibles pour les premiers conseils régionaux de 1986).

Dans les conseils départementaux, la loi de 2013, qui a imposé l’élection d’un binôme homme-femme, a assuré une représentation strictement paritaire en 2015, alors que les femmes n’étaient que 13,8 % auparavant. Dans les municipalités, on compte 40 % de femmes depuis 2014.

Dans les conseils départementaux, une vraie parité instaurée par la loi
Pour la première fois en 2015, les électeurs ont voté pour des binômes de conseillers, ce qui a permis d'atteindre 50 % de femmes élues.

Moins de 10 % de présidentes de département

Anne Hidalgo, la maire de Paris ou Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France, sont des exceptions visibles, mais à l’échelle nationale les maires, présidents de région ou de département restent en grande majorité des hommes, selon cette étude. C’est également le cas à l’échelon intermédiaire des adjoints et vice-présidents.

Sur les 18 régions françaises, seules trois, soit 16,7 %, sont dirigées par des femmes : deux à gauche, en Bourgogne-Franche-Comté (Marie-Guite Dufay) et en Occitanie (Carole Delga), et une à droite, en Ile-de-France.

Au niveau des conseils départementaux, le décalage est plus net encore, car sur 101 départements, on ne compte que neuf présidentes : quatre à droite (Bouches-du-Rhône, Creuse, Doubs, La Réunion) et cinq à gauche (Guadeloupe, Paris, Pyrénées-Orientales, Lozère et Finistère). En Martinique, le statut a été modifié depuis 2015 : le département, présidé par une femme, est devenu une collectivité territoriale, dirigée par deux hommes.

Les femmes restent très minoritaires dans les exécutifs locaux
Proportion de femmes dans les fonctions exécutives (maire, présidente, première adjointe...) des collectivités locales en 2016

Le rapport s’est intéressé au « tandem » exécutif : président(e) et vice-président(e), ou maire et premier(e) adjoint(e), pour constater là aussi que les femmes restent minoritaires. Ainsi, sur 101 départements, un seul, le Doubs, est dirigé par un tandem exclusivement féminin, alors que plus de la moitié (58 exactement) ont deux hommes à leur tête. La situation est équivalente dans les régions : un seul tandem féminin est présent en Occitanie, contre onze binômes masculins.

Des stéréotypes dans les domaines traités

L’étude détaillée des vice-présidences ou des délégations d’adjoints montre une autre dimension des inégalités de genre. En effet, si les postes sont paritaires en nombre, les thématiques attribuées restent encore très stéréotypées. Ainsi, on constate une très large domination des femmes dans les « affaires sociales » – jusqu’à 100 % des vice-présidentes de région –, dans l’éducation ou la culture. A contrario, les adjoints ou vice-présidents aux finances, transports ou au développement économique sont presque exclusivement des hommes.

Social, jeunesse et éducation, les domaines réservés des femmes dans les exécutifs locaux
Proportion de femmes selon les intitulés des vice-présidences de région ou département, ou d'adjoint au maire,.

Parmi ses recommandations, le Haut Conseil à l’égalité (HCE) propose de rendre obligatoire un tandem paritaire à la tête des exécutifs locaux : maire/premier(e) adjoint(e), président(e)/vice-président(e), et de limiter le cumul des mandats pour favoriser le renouvellement du personnel politique. Par ailleurs, le HCE s’inquiète de l’évolution de la parité après les fusions des intercommunalités en cours depuis la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République) de 2015.