Malgré la trêve signée le 29 décembre 2016, les violences ont repris depuis cinq jours dans l’Est séparatiste de l’Ukraine, entre forces de Kiev et rebelles pro-russes. Depuis, le ton monte entre Moscou, Kiev, l’OTAN, l’ONU et l’OSCE. Le point sur les derniers événements de ce conflit, qui a déjà fait près de 10 000 morts.

  • Eruption de violence à Avdiivka

Des affrontements les plus durs observés depuis plusieurs mois – ont causé la mort de 21 personnes et fait plus d’une cinquantaine de blessés depuis le dimanche 29 janvier. Le foyer de cet embrasement se trouve à Avdiivka, à quelques kilomètres au nord de Donetsk, la « capitale » des rebelles pro-russes du Donbass. Les positions des deux camps, exposés aux tirs de lance-roquettes Grad ou d’armes légères, sont parfois distantes de seulement quelques dizaines de mètres.

L’agglomération d’Avdiivka, la plus importante tenue par l’armée ukrainienne le long de la ligne de front, fait régulièrement l’objet d’attaques des forces rebelles. Depuis le gel partiel du conflit, les éruptions de violence sont récurrentes dans le Donbass.

Comme souvent, les deux camps se renvoient mutuellement la responsabilité. Un porte-parole de l’armée ukrainienne a, par exemple, accusé les séparatistes d’avoir lancé un assaut pour « accuser les soldats ukrainiens de violer les accords de Minsk ».

  • Tirs russes sur un avion ukrainien près de la Crimée

Mercredi 1er février, un avion de transport Antonov 26 de l’armée ukrainienne ayant survolé des plates-formes gazières russes au large de la Crimée a été visé par des tirs, a dénoncé Kiev jeudi. Ces installations gazières, baptisées « Tavrida » et « Krym-1 », sont situées en mer Noire, au large de la péninsule ukrainienne de Crimée.

Moscou, après avoir qualifié ce survol de « provocation », a convoqué l’attaché militaire ukrainien et lui a remis une note de protestation. Le parquet ukrainien a de son côté annoncé jeudi 2 février l’ouverture d’une enquête pour « tentative de meurtre », le ministre de la défense ukrainien affirmant que l’avion était rentré avec un impact de balle de trois centimètres sur son fuselage. Aucun membre de l’équipage n’a été blessé, a précisé le ministre.

  • Réactions de l’UE

Deux jours après le début de ce regain de violences, mardi 31 janvier, le Service européen pour l’action extérieure (SEAE, un organe institutionnel de l’Union européenne) a dénoncé une « rupture flagrante du cessez-le-feu tel que stipulé dans les accords de Minsk » et demandé l’arrêt des combats « avec des armes interdites et causant un nombre important de victimes ».

Jeudi 2 février, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a appelé la Russie à faire usage de son influence sur les rebelles pro-russes en Ukraine afin de faire cesser la flambée de violences. « Le défi persistant que pose l’agression de la Russie dans l’est de l’Ukraine nous est une nouvelle fois rappelé », a déclaré Donald Tusk. « La Russie devrait utiliser son influence pour un désengagement des séparatistes », a-t-il ajouté.

  • Porochenko écourte sa visite à Berlin

En visite à Berlin mardi 31 janvier, le président ukrainien, Petro Porochenko, a, pour sa part, dit vouloir « motiver la partie russe à s’asseoir à la table des négociations de façon à mettre complètement en application l’accord de Minsk ». A ses côtés, la chancelière allemande, Angela Merkel, a qualifié de « préoccupante » la situation le long de la ligne de front. M. Porochenko a ensuite écourté sa visite afin de rentrer en Ukraine pour gérer la « situation d’urgence ».

De retour dans son pays, jeudi 2 février, M. Porochenko a appelé « le monde » à être « plus actif dans sa pression sur la Russie pour obtenir un cessez-le-feu ». La diplomatie ukrainienne a, de son côté, démenti des accusations de Moscou selon lesquelles Kiev a intensifié les violences pour attirer l’attention internationale sur ce conflit quasi gelé.

  • L’OTAN enjoint Moscou d’agir

Moscou doit user de sa « considérable influence auprès des rebelles » pro-russes pour rétablir la trêve, avait déjà exigé mercredi 1er février le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, sur Twitter :

« Pic de violence sérieux à l’est de l’Ukraine. Situation urgente à Avdiivka. L’OTAN appelle à un retour immédiat au cessez-le-feu. »
  • L’ONU se réunit à huis clos

Le même jour, le Conseil de sécurité des Nations unies a appelé, à l’unanimité, à un retour immédiat au cessez-le-feu. Il a approuvé un texte rédigé par l’Ukraine, auquel la Russie ne s’est pas opposée, à l’issue d’une réunion à huis clos.

Les membres du Conseil ont « exprimé leurs graves inquiétudes » et « condamné l’utilisation d’armes prohibées par les accords de Minsk ». La crise ukrainienne doit de nouveau figurer au programme du Conseil de sécurité jeudi 2 février.

Ukraine : comprendre les origines de la crise en 5 minutes
Durée : 06:23