2/15 Pour Instant Modular Home, un premier module d’hébergement d’urgence fonctionnel à Toulouse
2/15 Pour Instant Modular Home, un premier module d’hébergement d’urgence fonctionnel à Toulouse
Par Lisa Burek
Que sont devenus les quinze lauréats des premiers prix de l’innovation urbaine Le Monde - Smart Cities attribués en avril 2016 ? Dans ce deuxième article d’une série de quinze, les six jeunes auteurs du projet Instant Modular Home expliquent qu’ils ont construit le premier module démontable de leur solution d’hébergement d’urgence dans des locaux inoccupés. Et recherchent un propriétaire acceptant de le recevoir.
Perspective, en image de synthèse, des modules Instant Modular Home. | Unity Cube
Nouvelle étape importante pour les six jeunes Toulousains du projet Instant Modular Home, récipiendaire du Prix de l’habitat Le Monde - Smart Cities en avril 2016 : ils ont présenté leur premier module d’hébergement d’urgence, en taille réelle, fonctionnel et démontable, au comité de pilotage de la ville de Toulouse, lundi 30 janvier, dans les locaux de l’entreprise Sofrinnov à Ramonville (banlieue sud de Toulouse). Les détails techniques, comme le nombre de prises électriques, l’éclairage ou le chauffage des modules, ont pu être vérifiés.
Un premier contrat serait, pour les six Toulousains, « l’aboutissement d’un projet utopique ». Etudiant à l’Institut national des sciences appliquées (INSA), Jaufret Barrot passait tous les jours devant des immeubles à bureaux, à louer depuis de nombreuses années, alors que manquent cruellement les solutions d’urgence pour héberger les migrants et les sans domicile fixe. L’idée d’imaginer pour eux une solution modulaire et démontable afin de leur procurer un toit provisoire est ainsi née parmi quatre étudiants de l’INSA - Jaufret Barrot, Mathilde Miqueu, Vincent Le Gal et Valentin Massol - et deux de l’Ecole nationale supérieure d’architecture (ENSA) - Baptiste Debort et Théo Guerini. Aujourd’hui, ils sont sur le point de créer une entreprise.
Pour les municipalités, le projet permettrait de réaliser des économies. « La ville de Toulouse paie environ 50 euros par chambre d’hôtel et par jour pour un hébergement d’urgence, un coût réductible à 15 euros avec notre projet », estime Mathilde Miqueu. Les propriétaires de locaux vides, eux, peuvent toucher un loyer provisoire en attendant de trouver un locataire durable. Sans compter qu’occuper un bâtiment est le meilleur moyen de se prémunir contre le vandalisme et les squats, font valoir les étudiants.
Une campagne de financement participatif a permis au groupe de récolter, en novembre 2016, 4 000 euros, qui ont été doublés par la Fondation Crédit agricole et le Crédit agricole 31. Ce petit capital a permis de fabriquer le premier module qui n’existait jusque là que sur maquette. Encore faut-il trouver un propriétaire de locaux vides disposé à accueillir un ou des modules et ses occupants, individus ou familles.
Le module Instant Modular Home en construction, en taille réelle, avec notamment des cagettes en bois. | Unity Cube
La tâche n’est pas chose facile. « Nous avons en vue deux bâtiments qui pourraient accueillir nos premiers modules. Mais on a du mal à trouver le premier propriétaire qui accepterait de nous faire confiance. Nous cherchons donc des appuis, politiques entre autres », explique Jaufret Barrot, ingénieur diplômé depuis juin, actuellement en formation en architecture. Le bailleur social SA Patrimoine Languedocienne se mobilise pour les aider. Après avoir examiné le premier module en taille réelle, le comité de pilotage de la mairie de Toulouse, lui, étudie le dossier avant de se prononcer.
Loger des sans-abris dans les bureaux
Durée : 02:51
L’association Soliha 31 (acteur associatif pour l’amélioration de l’habitat, anciennement PACT 31), membre du comité de pilotage de la Ville, est disposée à s’occuper de la gestion des personnes en situation de précarité. Sa directrice, Dominique Betrame Moncouet, veille notamment à ce qu’une famille sans toit puisse disposer d’un « volume adéquat » dans un module. Les six comparses d’Instant Modular Home sont optimistes et espèrent accueillir « 30 à 50 personnes d’ici juillet ». Dominique Betrame Moncouet, elle, tempère : « 25 personnes, ce sera déjà bien ».
Smart Cities : « Le Monde » décrypte les mutations urbaines
Dans moins de trente ans, le nombre d’urbains dans le monde aura doublé. Pour raconter, décrypter et penser ces passionnantes mutations urbaines, Le Monde a organisé vendredi 25 novembre une matinée de colloque sur « Le big data va-t-il changer nos vi(ll)es ? ».
Avec ses partenaires, Le Monde a lancé à cette occasion la deuxième édition des Prix européens de l’innovation Le Monde-Smart Cities afin de récompenser des solutions innovantes améliorant la vie urbaine.
Retrouvez le règlement et le jury ici, ainsi que l’actualité des villes décryptée par les journalistes du Monde dans la rubrique « Smart cities » sur Lemonde. fr.