La Carrousel du Louvre a rouvert ses portes au public, samedi. | JACQUES DEMARTHON / AFP

Tandis que le musée parisien a rouvert dans la matinée, l’auteur de l’attaque à la machette au Carrousel du Louvre vendredi a été placé en garde à vue à l’hôpital, samedi 4 février soir.

  • Ce qu’il s’est passé

Vendredi vers 9 h 50, dans la galerie marchande du Carrousel du Louvre, un homme s’est avancé vers quatre militaires patrouillant à l’entrée de la galerie marchande qui donne accès au Musée du Louvre, en amont des contrôles de sécurité, a détaillé le procureur de Paris, François Molins, lors d’un point presse.

Porteur d’un sac à dos et d’un tee-shirt noir « avec une tête de mort », « armé d’une machette dans chaque main, bras levés et pliés derrière la tête, il s’est précipité sur eux en criant : “Allahou akbar”. » Il a frappé à la tête un premier militaire, qui a été légèrement blessé au cuir chevelu. Après avoir tenté de repousser l’assaillant une première fois sans user de son arme, un deuxième soldat a ouvert le feu, à quatre reprises, le blessant grièvement.

  • Qui est-il ?

Des indices retrouvés dans son téléphone et les recherches effectuées sur Visabio, une base de données biométriques des demandeurs de visa, ont permis de « cibler » un Egyptien de 29 ans inconnu des services de police français, qui pourrait être Abdallah El-Hamahmy, sous réserve que cette identité n’ait pas été usurpée.

Ce résidant aux Emirats arabes unis est entré légalement en France le 26 janvier, avec un visa touristique, par un vol en provenance de Dubaï, avant de séjourner dans un appartement proche des Champs-Elysées, a révélé vendredi le procureur de Paris, François Molins.

Interrogé par l’AFP, son père a expliqué qu’il travaille comme directeur commercial à Charjah, aux Emirats, qu’il « s’était rendu en voyage d’affaires » à Paris et qu’il devait « visiter le musée » avant de « repartir samedi ».

Pris en charge à l’hôpital européen Georges-Pompidou après avoir été grièvement blessé au ventre par les tirs de riposte d’un militaire, son état s’est nettement amélioré samedi. Son pronostic vital n’est plus engagé. Blessé au ventre et intubé, l’homme ne peut toutefois toujours pas être entendu par les enquêteurs à ce stade, selon une source, qui précise que « la situation peut évoluer ». Sa garde à vue à l’hôpital, qui a débuté à 18 h 45, peut durer 96 heures, le délai prévu dans les affaires de terrorisme.

  • Où en est l’enquête ?

Le parquet antiterroriste a ouvert, vendredi, une enquête pour « tentatives d’assassinats aggravées en relation avec une entreprise terroriste » en raison de la nature des cibles et du mode opératoire de l’agression. Les investigations ont été confiées à la Section antiterroriste de la brigade criminelle de Paris et à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Les auditions devraient ainsi commencer dimanche matin, sous réserve de l’évolution de son état de santé.

Une perquisition réalisée dans l’appartement du suspect a permis la découverte de 965 euros, de deux étuis à machette, d’un passeport – comprenant des visas pour l’Arabie saoudite et deux visas pour la Turquie en 2015 et 2016 –, et d’un permis de résident émirati. Les investigations devront « déterminer les motivations de l’auteur et s’il a agi seul ou sur instruction », a ajouté M. Molins.

  • Est-ce un acte terroriste ?

Les motivations de l’assaillant ne sont pas encore connues, mais il s’agit d’« un acte dont le caractère terroriste ne fait guère de doute », pour le président François Hollande. Aucune marque d’allégeance à un groupe djihadiste n’a été retrouvée lors de la perquisition dans le logement qu’il a loué.

Mais les enquêteurs, qui s’interrogent sur ses motivations et éventuels complices, se penchent sur des tweets postés en arabe sur un compte au nom de Abdallah El Hamahmy. Une dizaine de messages ont été postés entre 9h27 et 9h34, quelques minutes avant l’attaque.

On peut notamment lire « Au nom d’Allah (…) pour nos frères en Syrie et les combattants » et, une minute plus tard, un tweet dans lequel il semble apporter son soutien au groupe djihadiste Etat islamique (EI), qui continue de menacer la France de représailles pour sa participation à la coalition militaire internationale en Irak et en Syrie, deux pays dans lesquels il a proclamé un califat en 2014.

Le père de cet Egyptien a affirmé que son fils n’avait montré aucun signe de radicalisation et n’avait plus donné de nouvelles depuis vendredi.