Tyson Jackson, un joueur des Atlanta Falcons, dans le stade qui va accueillir le Super Bowl, à Houston. | Tim Warner / AFP

Les Etats-Unis vont une nouvelle fois s’arrêter, dimanche soir 5 février, pour savoir qui des Patriots et des Falcons remportera le 51e Super Bowl, le clou de la saison de la National Football League (NFL). L’institut de sondage Public Religion Research Institute, dans une enquête publiée le 1er février, a enregistré un nombre aussi élevé que par le passé (46 %) de personnes prêtes à regarder la rencontre, ses coûteuses publicités et son entracte assuré cette année par Lady Gaga. Un quart de ces téléspectateurs, selon la même enquête, est par ailleurs convaincu que la victoire ne sera pas garantie par les seuls mérites sportifs des protagonistes, mais également par un signe divin.

Le début de saison a bien été marqué par une vague d’agenouillements lancée par le quarterback des 49ers de San Francisco, Colin Kaepernick, mais elle avait pour objectif de dénoncer des violences policières et non de rendre hommage à un Créateur. A la mi-octobre, les patrons de la locomotive du sport-business ont ensuite eu la mauvaise surprise de constater un net recul des audiences télévisées sur les cinq premières semaines du championnat, inférieures de 10 % à ce qu’elles étaient l’année précédentes, avec un pic de 14 % pour la tranche d’âge stratégique des 18-49 ans. Cette tendance s’est installée et les conséquences ont été immédiates pour les chaînes de télévision, qui ont dû consentir discrètement des ristournes selon Bloomberg.

Avertissement pour le modèle économique

Ce recul sera oublié au moment du début de la rencontre de dimanche soir, mais il constitue néanmoins un avertissement pour le modèle économique de la NFL. Cette dernière est victime, comme d’autres nouveaux usages. Le temps passé devant la télévision a baissé de 10 % aux Etats-Unis depuis 2010 selon Nielsen, avec une chute impressionante de 40 % pour les moins de 24 ans. La scénographie des rencontres, étirées en longueur, se heurte par ailleurs à une consommation croissante, en différé, de vidéos dans lesquelles les actions sont réduites à leurs phases les plus explosives, selon une analyse publiée par le Washington Post en octobre. En novembre, le patron de la NFL, Roger Goodell, avait d’ailleurs évoqué publiquement une révision du format des rencontres, pour en accélérer le rythme. Lors de la saison 2015-2016, la durée moyenne d’un match, entrecoupé de publicité, s’était élevée à 3 heures et huit minutes, soit six minutes de plus qu’en 2008.

En cherchant des explications à cette baisse d’audience, certains ont voulu mettre en cause la concurrence d’une élection présidentielle haletante qui s’est prolongée jusqu’au 8 novembre 2016. Mais la compétition électorale a souffert en fait des mêmes maux structurels. Pendant la plus grande partie de la campagne, la candidate démocrate Hillary Clinton a littéralement écrasé son rival républicain, Donald Trump, en termes de dépenses de publicité à la télévision, longtemps considérées comme la clef d’une élection.

En ajoutant celles pour la radio, l’ensemble des sommes engagées pour l’ancienne secrétaire d’Etat (celles de sa campagne et celles de groupes extérieurs) atteignait à deux semaines du vote un total de 245 millions de dollars, contre seulement 96 millions pour le magnat de l’immobilier. Cet écart n’avait pas été compensé par des dépenses plus élevées de M. Trump dans les derniers jours de la campagne. Il n’avait pas empêché surtout une défaite courte, mais nette, de Mme Clinton.