Des manifestant brandissent une banderole « Justice pour Théo » lors d’une marche à Aulnay-sous-Bois le 6 février. | FRANCOIS GUILLOT / AFP

Réclamant « justice pour Théo », plusieurs centaines de personnes, mères de famille en première ligne, participaient, lundi 6 février, à une marche à Aulnay-sous-Bois, où un jeune homme de 22 ans a été grièvement blessé par des policiers jeudi lors de son interpellation.

Les habitants, parmi lesquels de nombreux jeunes vêtus d’un T-shirt blanc, se sont rassemblés au pied de l’immeuble où vit la victime, dans la cité des Trois Mille. Chantant La Marseillaise, ils ont commencé à marcher, en début d’après-midi, vers l’antenne du commissariat située au cœur de cette vaste cité de la Seine-Saint-Denis.

« Y en a marre des cow-boys dans les quartiers, a lancé Houria, 44 ans, au journaliste de l’Agence France-Presse. On en a marre de la violence. Mon fils a 15 ans, ce sera lui qui demain se fera baisser le pantalon et violer “sans faire exprès” ? Les policiers ne respectent pas les jeunes, comment voulez-vous qu’ils les respectent ensuite? » Rabia, 50 ans, mère d’un fils de 19 ans et d’une fille de 17 ans dit que « ce qui s’est passé a choqué tout le monde ». Elle dit avoir « peur » pour son enfant, car « ça peut lui arriver aussi ».

« Mon frère est dans un état assez critique »

Dimanche soir, un policier a été mis en examen pour viol et trois de ses collègues pour violences volontaires en réunion. Les quatre fonctionnaires ont été suspendus de leurs fonctions. Dans un communiqué, le parquet est revenu sur les circonstances de cette interpellation jeudi vers 17 heures à Aulnay-sous-Bois : les policiers « procédaient au contrôle de l’identité d’une dizaine de personnes après avoir entendu les cris caractéristiques des guetteurs de points de vente de stupéfiants ». Au cours de cette opération, ils « tentaient de procéder à l’interpellation d’un homme de 22 ans » et, « au regard de la résistance de ce dernier », ont fait « usage de gaz lacrymogène et, pour l’un d’entre eux, d’une matraque télescopique ».

Selon le témoignage confié au Monde par une source proche de l’enquête, s’appuyant sur des images de vidéosurveillance, un policier a sorti « sa matraque télescopique et [a] port[é] des coups au niveau des jambes de l’individu dans l’idée, on pense, de faire fléchir ses genoux ». Cette source ajoute : « D’après les images, le pantalon de la personne interpellée semble glisser tout seul. » La victime aurait dit que ce sont les policiers qui le lui ont volontairement baissé. Mais pour cette source : « Sur la vidéo, on voit un coup de matraque télescopique, à l’horizontale, vers la victime. Le coup traverse le caleçon, nous pensons que c’est celui-ci qui entraîne la blessure. »

Le jeune homme, toujours hospitalisé lundi, a dû être opéré et présente une section du sphincter anal et une lésion du canal anal de dix centimètres de profondeur. Une blessure qui lui vaut, à ce stade, soixante jours d’interruption totale de travail. Interrogée sur BFMTV, Aurélie, la sœur aînée du jeune homme, a lancé « un appel au calme » et a dit faire « confiance à la justice ». « Mon frère est dans un état assez critique », a-t-elle ajouté.

Tard dans la nuit de dimanche à lundi, les nombreux policiers déployés dans le quartier ont été la cible de tirs de mortier artisanal et cinq personnes ont été interpellées, selon une source policière.