Marwan Lahoud, en février 2016. | NIKLAS HALLE'N / AFP

Groupe Airbus a annoncé, mardi 7 février, le départ de Marwan Lahoud, directeur de la stratégie de l’avionneur européen, qui devrait quitter ses fonctions à la fin du mois. Le départ de celui qui fut l’un des fondateurs d’EADS, ancienne dénomination de Groupe Airbus, n’est pas une véritable surprise.

En réalité, la messe semblait dite depuis que Tom Enders, président du groupe, a décidé de réorganiser l’avionneur européen. En pratique, la maison mère Groupe Airbus fusionne avec sa filiale Airbus, dirigée par Fabrice Brégier. Une démarche logique, car Airbus représente plus de 70 % de l’activité du groupe. A l’issue de cette réorganisation, en passe de s’achever, l’avionneur européen sera dirigé par un duo constitué de Tom Enders et de son numéro deux, Fabrice Brégier.

M. Lahoud n’avait plus vraiment sa place dans ce dispositif. On imagine, en effet, assez mal le nouveau tandem de dirigeants déléguer la stratégie du groupe. Il n’est pas non plus dans ses plans de mettre en place un nouveau programme d’avions, et sans doute pour plusieurs années. Airbus, au contraire, a choisi d’encaisser les bénéfices des nouveaux modèles qu’il a lancés ces dernières années. Notamment, la version remotorisée de son best-seller, le moyen-courrier A320 neo, et son dernier-né, le gros-porteur long-courrier A350, qui rencontre un vif succès. Plutôt que de s’engager dans un nouveau programme, au coût faramineux, tels les vingt milliards investis pour développer le super jumbo A380, Airbus préfère servir généreusement ses actionnaires.

« Nouvelles perspectives »

M. Lahoud a tiré les conséquences de la mise en place de cette nouvelle organisation interne. « Avec la nouvelle intégration, nous avons réalisé la toute dernière étape de la fusion d’Airbus. Il est donc temps pour moi de me projeter dans de nouvelles perspectives et je souhaite relever d’autres défis », a déclaré, mardi, le directeur de la stratégie. Agé de cinquante ans, dont vingt passés chez Airbus, M. Lahoud était un proche de Tom Enders. A ses côtés, en 2012, il avait joué un rôle-clé dans la tentative de fusion, avortée, avec la société britannique d’aéronautique et de défense BAE Systems. Un échec qui avait été suivi de l’instauration d’une nouvelle gouvernance à la tête du groupe. Les Etats actionnaires, France, Allemagne et Espagne, ont accepté de réduire leur participation au capital.

Nommé il y a cinq ans à la présidence d’Airbus, M. Enders a décidé de faire de l’ex-EADS une « entreprise normale avec une gouvernance simplifiée ». Pour parvenir à ses fins, il a entrepris de concentrer tous les pouvoirs autour de lui. En pratique, comme on le dit chez Airbus, Tom Enders « ne veut plus voir qu’une seule tête : la sienne ! » Par étape, toutes les directions du groupe – les finances, les ressources humaines, les achats puis la recherche et développement – lui ont été directement rattachées. Pour symboliser cette démarche, les nouveaux dirigeants ont choisi de rebaptiser EADS Groupe Airbus.