Près de 250 personnes se sont rassemblées à Paris mercredi 8 février en début de soirée pour soutenir le jeune Théo. | GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Les rassemblements de soutien à Théo – le jeune homme gravement blessé par des coups de matraques au niveau de la zone rectale au cours d’une interpellation policière à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) –, se poursuivent trois jours après les faits. Près de 250 personnes, selon une source policière à l’Agence France-Presse (AFP), se sont ainsi réunies mercredi 8 février en début de soirée à Paris, à l’appel du collectif Action antifasciste (AFA) Paris-Banlieue. Ils étaient plus de 300 à Nantes (Loire-Atlantique), au même moment.

« Je suis venu pour défendre l’intégrité d’un jeune homme violé par la police de façon abominable. C’était important d’être là », explique Gilles, 63 ans, présent dans le rassemblement parisien qui s’est déroulé à Ménilmontant, dans le 11e arrondissement. « On a touché le fond. C’est indigne d’une démocratie… », se désole-t-il, alors que les quatre membres des forces de l’ordre impliqués dans l’interpellation ont été mis en examen dimanche pour violences volontaires en réunion, dont un pour viol.

« Ce qui s’est passé est intolérable, regrettent Brigitte et Frédéric. Les policiers ont tous les droits donc forcément ça génère des bavures. Il y a des raisons de s’inquiéter… » Ce ressentiment envers les forces de l’ordre était très présent chez les manifestants mercredi soir. Les slogans « Flics, violeurs, assassins » ou encore « Tout le monde déteste la police » ont été scandés à de nombreuses reprises, alors qu’un important dispositif policier était déployé.

Virgil, 30 ans, était déjà présent la veille, au même endroit, lors d’un premier rassemblement qui était alors bien plus tendu. Professeur dans un collège de Seine-Saint-Denis, il a tenu à venir pour « protester contre la manière dont se conduit la police, notamment dans les banlieues. Les jeunes qui habitent là-bas ne sont pas traités de la même manière que le reste des Français ». Lui estime même qu’« une partie de la police est raciste ».

« Les policiers ne sont pas assez bien formés »

Mais pour Brigitte, le problème va bien au-delà de l’« affaire Théo ». « Il y a un réel problème structurel au sein de la police. Les agents sont réduits à une pure fonction répressive alors qu’ils sont là pour être des gardiens de la paix, affirme-t-elle. Il y a une militarisation de la police mais ses membres ne sont pas assez bien formés pour le maintien de l’ordre. »

La plupart des manifestants présents ce mercredi soir ont participé au mouvement Nuit debout ou aux rassemblements contre la loi travail au printemps dernier. Et tous affirment avoir alors eu à faire à la violence policière. « On l’a senti à ce moment-là, se souvient Justine, 20 ans, venue avec deux amis. On a vu à quoi ça pouvait ressembler. Avec le nombre de policiers présents autour de nous, j’avais l’impression d’être une menace potentielle. » Gilles ne garde également pas un très bon souvenir de ces manifestations. « On était sans arrêt fouillé, pris en étau, regrette-t-il. Notre droit de manifester était restreint alors qu’on est sous un gouvernement socialiste. »

S’ils étaient plus de 250 mercredi soir à se réunir à Paris, aucune des personnes interrogées n’a jusqu’ici franchi le périphérique pour aller soutenir Théo à Aulnay-sous-Bois. « C’est vrai que c’est un problème mais pour y aller, il faudrait être invité, avance Frédéric. On est d’ailleurs allé aux rassemblements en hommage à Adama Traoré [jeune homme mort en juillet dernier à Beaumont-sur-Oise (Val-d’Oise) au cours d’une interpellation]. »

« A Paris, c’est un lieu de rassemblement qui est accessible pour beaucoup plus de monde », se défend Virgil. Mais pour Gilles, face à la gravité de cette affaire, « c’est inadmissible qu’on n’ait pas réagi plus tôt. Il faut vraiment qu’une manifestation d’ampleur soit organisée dans les prochains jours à Paris ou à Aulnay ».