Capture d’écran du site de proximité pour le partage entre voisins Smiile. D’un côté, les rubriques et fil d’actualité. De l’autre, la carte pour géolocaliser les services. | capture d'écran

Florian Bougon, 24 ans, repasse une pile de vêtements chez lui, à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Ce ne sont pas les siens. Une voisine, un bras dans le plâtre, les lui a déposés. Inscrit depuis novembre 2016 sur le site de proximité Mon p’ti voisinage, il a proposé de dépanner les gens de son quartier.

Quelques jours après son arrivée à Paris, Clara Delahaye, 33 ans, a mis sa demande d’outils sur la plate-forme du site Smiile : « En emménageant dans le 20e arrondissement, il y a trois mois, je n’avais ni perceuse, ni marteau, ni tournevis. C’est un voisin, en face, qui m’a tout prêté. Il m’a même donné un coup de main ».

Tous deux sont en fait inscrits sur le même site, rebaptisé fin janvier. Né en Bretagne en 2014, Mon p’ti voisinage – deuxième accessit du Prix de la participation citoyenne Le Monde Smart Cities en avril 2016 – a, depuis, étendu ses ramifications en France et vise les pays voisins d’ici la fin de cette année. D’où le choix de Smiile (sourire en anglais mais avec un seul « i »), appellation « plus universelle », estime Morgane Hemery, responsable marketing de la start-up malouine.

Une ambition européenne que justifie la croissance du nombre de ses utilisateurs. Ils étaient 15 000 en novembre 2015 et 70 000 en mars 2016 ; ils sont maintenant près de 230 000, répartis dans toute la France. Entre-temps, l’équipe est passée de 5 à 20 personnes en contrat à durée indéterminée.

Un modèle économique sans publicité

Pour offrir ou requérir des services sur Smiile, il faut ouvrir un compte et télécharger un justificatif de domicile. L’inscription est gratuite. En fonction de son adresse postale, l’utilisateur est rattaché à un quartier en ville ou à une zone rurale plus vaste. Une carte interactive permet de situer ses voisins inscrits sur le même site et de découvrir les services qu’ils proposent.

L’équipe avait, en novembre 2015, obtenu 1,7 million d’euros auprès de la société d’assurance mutuelle MAIF pour développer son projet basé sur la volonté de « faire vivre un quartier et de créer du lien entre ses habitants ». « Nos villes deviennent intelligentes mais, sans partage, sans solidarité ni optimisation des ressources, l’équation est incomplète », insistait Pauline Hamon.

Le modèle économique du site, conçu sans publicité, repose sur trois piliers : les collectivités locales et les bailleurs sociaux, qui peuvent s’abonner afin d’animer une communauté et instaurer une démarche participative, et d’autres jeunes pousses (stockage partagé, covoiturage ou financement participatif) invitées à offrir des « services partenaires ».

Agrégateur à échelle ultra-locale

A Saint-Malo, Florian Bougon s’est porté volontaire pour parler de Smiile en « glissant quelques prospectus dans les boîtes aux lettres » et pour informer ses voisins des activités organisées à proximité. « Nos ambassadeurs bénévoles comme Florian ne gagnent rien, si ce n’est le plaisir de voir leur quartier bouger et leurs voisins s’entraider », assure Morgane Hemery. A Paris, Clara Delahaye, voit surtout dans le site un moyen de « s’intégrer dans un nouveau lieu de vie ».

Ces dernières années, les sites de proximité se sont multipliés, à l’instar de AlloVoisins, Ma-Résidence.fr, Peuplade ou Voisins Solidaires. L’association suisse Pumpinpumpe propose depuis 2012 d’apposer des autocollants sur sa boîte aux lettres pour indiquer les objets que l’on peut prêter à son voisin, sans recourir à Internet.

Smiile estime se distinguer par son « rôle d’agrégateur, à la fois pour des particuliers, des acteurs de la vie locale, des commerçants ou des associations ». Une agrégation entre échanges de services, dons, prêts, et annonces payantes de garde d’enfants ou de location de véhicule, par exemple. Les dirigeants de Smiile s’inscrivent dans l’économie de partage : des relations de pair à pair, à travers lesquelles les individus s’auto-organisent pour créer des biens communs. Une manière, pour Morgane Hemery, d’essayer de changer les mentalités : « On a encore trop souvent le réflexe d’aller acheter plutôt que d’emprunter à son voisin ».

Smart Cities : « Le Monde »  décrypte les mutations urbaines

Dans moins de trente ans, le nombre d’urbains dans le monde aura doublé. Pour raconter, décrypter et penser ces passionnantes mutations urbaines, Le Monde a organisé vendredi 25 novembre une matinée de colloque sur « Le big data va-t-il changer nos vi(ll)es ? ».

Avec ses partenaires, Le Monde a lancé à cette occasion la deuxième édition des Prix européens de l’innovation Le Monde-Smart Cities afin de récompenser des solutions innovantes améliorant la vie urbaine.

Retrouvez le règlement et le jury ici, ainsi que l’actualité des villes décryptée par les journalistes du Monde dans la rubrique « Smart cities » sur Lemonde. fr.

Le Monde organise les prix de l'innovation Smart Cities
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