Donald Trump et sa fille Ivanka à Washington, le 1er février 2017. | NICHOLAS KAMM / AFP

Le fragile équilibre que Donald Trump a essayé de mettre en place entre ses fonctions de président et les intérêts économiques de sa famille a vacillé pour la première fois publiquement, mercredi 8 février. Le président américain a en effet remis en cause la décision prise, six jours auparavant, par la chaîne de magasins de luxe Nordstrom de déréférencer la ligne de vêtements de sa fille Ivanka.

Le distributeur, a expliqué que la « performance » des produits n’étant pas au rendez-vous, ceux-ci ne seront plus proposés dans ses magasins. Mais Donald Trump s’est emporté en déclarant dans un tweet : « Ma fille Ivanka a été traitée de manière si injuste par Nordstrom. C’est une personne incroyable qui me pousse toujours à faire le bon choix. Terrible ! »

Le message a été envoyé une première fois de son compte personnel, puis, à partir de son compte officiel de président américain. Le sujet a même été abordé lors du briefing quotidien de Sean Spicer, le porte-parole de la Maison Blanche. Ce dernier a qualifié la décision de Nordstrom d’« inacceptable », estimant qu’il n’était pas question de business, mais d’« une attaque [Ivanka] », qui serait justifiée par les « mesures prises par son père ». M. Spicer a affirmé que M. Trump « a tous les droits de défendre sa famille ».

Appels au boycott

Nordstrom, société cotée sur le New York Stock Exchange (NYSE) qui détient un réseau de 350 magasins aux Etats-Unis et au Canada, avait clairement pris position contre le décret signé par le président le 27 janvier visant à interdire le territoire américain aux ressortissants de sept pays du Moyen-Orient et de la Corne de l’Afrique.

Le groupe avait envoyé un message à ses employés pour dire que l’entreprise était favorable à l’immigration et qu’elle avait proposé un soutien à ceux qui avaient été affectés par la décision présidentielle.

Mais Nordstrom a assuré, mercredi, que le déréférencement de la ligne de vêtements signée par Ivanka Trump était uniquement motivé par la chute des ventes de ces articles. L’entreprise a également précisé que M. Trump en avait été informé dès le début du mois de janvier. « Au cours de l’année passée, spécialement au cours du second semestre 2016, les ventes de la marque ont régulièrement décliné au point que cela ne faisait plus sens économiquement de continuer pour le moment », a-t-elle indiqué dans un communiqué, ajoutant « nous avons eu une bonne relation avec l’équipe d’Ivanka Trump ».

Des militants pro-Trump ont toutefois immédiatement lancé sur les réseaux sociaux des appels au boycott du distributeur.

D’autres marques prennent leurs distances

Selon le New York Times, deux autres enseignes, T.J. Maxx et Marshalls ont elles aussi commencé à prendre leurs distances avec les articles estampillés du nom de la fille du président. Il y a quelques semaines, la chaîne de produits de luxe Neiman Marcus a également décidé de retirer de son site Internet les bijoux et les accessoires dessinés par Ivanka Trump.

Cette polémique remet sous les projecteurs les questions de conflit d’intérêts auxquels M. Trump est exposé. En intervenant directement dans ce débat, le président américain donne l’impression de profiter de sa fonction pour peser sur des décisions économiques qui ont un impact direct sur les intérêts de sa famille.

En janvier, lors d’une conférence de presse, M. Trump avait promis qu’il ne s’occuperait plus des affaires familiales, laissant ses enfants gérer sa société. Si Ivanka Trump ne joue aucun rôle officiel à la Maison Blanche, elle a été jusqu’ici une proche conseillère de son père, tandis que son époux, Jared Kushner, est conseiller du président.