Série sur Netflix à la demande

SANTA CLARITA DIET Bande Annonce VF (2017)
Durée : 02:57

Dernière venue sur Netflix (le 3 février), Santa Clarita Diet était très attendue et ne décevra pas ceux prêts à voir associés deux genres a priori peu conciliables : la série de type « zombie-morts-vivants » et la comédie familiale façon « sitcom ».

Sheila Hammond (Drew Barrymore) forme, avec son mari (Timothy Olyphant), un couple lambda d’agents immobiliers installés dans une banlieue proprette californienne, avec ses maisons identiques, son quotidien ordinaire et passablement ennuyeux.

Un jour qu’elle fait visiter une maison à vendre, Sheila est prise d’un malaise dont l’expression biliaire, d’un vert au pigment et au crémeux inoubliables, laisse loin derrière celle de la créature possédée et alitée de L’Exorciste (1973), de William Friedkin.

Avec cette scène inaugurale, qui est un prêté pour un rendu adressé à la parodie de L’Exorciste dans Scary Movie 2 (2001), de Keenen Ivory Wayans, le ton est donné. Et un avertissement s’impose : estomacs sensibles s’abstenir. Végétariens aussi, car il apparaît vite que Sheila, dont le cœur ne bat pas plus que son sang ne coule, se nourrit bientôt que de viande crue…

Drew Barrymore dans « Santa Clarita Diet ». | SAEED ADYANI/NETFLIX

Mais, alors que sa libido croît à la mesure de son appétit, elle réalise bientôt que seule la chair humaine peut la sauver. La voici donc contrainte de trouver des victimes – si possible des criminels impardonnables : la faim ne justifie pas tous les moyens – pour se nourrir… Avec la complicité de son époux, horrifié mais aimant, de sa fille adolescente (Liv Hewson), ravie de cette nouvelle vie familiale, et d’un jeune voisin geek (Skyler Gisondo).

La drôlerie de Santa Clarita Diet, fable cannibale outrée et ultra-gore, provient des emprunts aux codes d’expression et le cadre de la série Desperate Housewives (2004-2012), de Marc Cherry : même quartier résidentiel apparemment sans histoires, même type de musique badine (pizzicati de cordes, marimba). On retrouve même Ricardo Chavira, acteur emblématique des Housewives, ici distribué dans un rôle de salaud.

Mort-vivante, Sheila est une sorte de personnage hérité de ceux de Sweeney et de Mrs Lovett, dans Sweeney Todd (1979), la comédie musicale cannibale de Stephen Sondheim, portée à l’écran par Tim Burton en 2007. A ceci prêt que les mises à mort de Sheila ne sont opérées qu’au seul profit de sa consommation personnelle.

Split / Bande-annonce officielle VF [Au cinéma le 22 Février 2017]
Durée : 02:30

Sweeney Todd regorge d’humour macabre ; Santa Clarita Diet aussi. Ainsi, quand Sheila prévoit un en-cas de ce que les Anglo-Saxons appellent de la « Finger Food » (nourriture à manger avec les doigts), elle se prépare un sachet de doigts bien croquants prélevés sur ses victimes.

Alors qu’elle meurt de faim et doit faire trépasser une victime pour remplir son congélateur, on lui apprend que l’homme en question ne rentre pas avant 23 heures chez lui. « Zut… Je déteste dîner aussi tard… », soupire Sheila.

Le ton des acteurs est volontairement surjoué et boulevardier : Drew Barrymore et Timothy Olyphant – dans un rôle très éloigné de celui du Marshal taiseux qu’il incarnait dans Justified (2010-2015), de Graham Yost – en font des tonnes.

Comme en faisaient également, à dessein, les personnages de Ma Loute (2016), film aussi génial que déjanté de Bruno Dumont. Qui se trouve être aussi – pur hasard mais résonance fascinante… – une fable cannibale…

Renaud Machart

Santa Clarita Diet créée par Victor Fresco avec Drew Barrymore et Timothy Olyphant, Liv Hewson, Skyler Gisondo, Mary Elizabeth Ellis, Richard T. Jones, Ricardo Chavira (EU, 2016, 10x29 min).