Réalisation d’une fresque sous le pont de Nantes à Rennes. Projet retenu en 2016 dans le cadre du budget participatif. | D.Gouray

Pour la deuxième année consécutive, tous les Rennais, quels que soient leur âge et leur nationalité, sont invités à se prononcer, jusqu’au 12 février, sur des projets d’investissements urbains, proposés par les citoyens. Comme en 2016, la ville a décidé de consacrer à cette démarche 5 % de son budget d’investissement, soit 3,5 millions d’euros, mais cette année, les projets déposés ont été moins nombreux, passant de 992 à 630.

« Si moins de projets ont été proposés, davantage ont été retenus et, globalement, il s’agit de projets de meilleure qualité », se félicite la maire (PS) Nathalie Appéré. De fait, 59 % des propositions ont été écartées cette année contre 76 % l’année dernière, et 239 d’entre elles ont été considérés comme éligibles au regard des critères définis (principalement, relever de la compétence de la ville, entrer dans le cadre de l’investissement et non des dépenses de fonctionnement).

Cafés budget

« Les projets sont aussi cette année plus collectifs qu’ils ne l’étaient l’année dernière, observe Nathalie Appéré. Les associations, les comités de quartier se sont davantage mobilisés et les habitants se sont davantage mis en mouvement par petits groupes. Et nous avons favorisé le rapprochement des projets individuels similaires. » Pour préparer et construire leur projet, les porteurs d’idées ont bénéficié cette année d’un accompagnement des services de la Ville, lors de « cafés budget » et d’ateliers thématiques.

Les Rennais auront donc à se prononcer sur la création ou le réaménagement de pistes cyclables plus de sécuritaires, l’achat de petites laveuses pour mieux nettoyer les trottoirs des rues les plus fréquentées, la rénovation d’une ferme de caractère pour y ouvrir un café associatif, l’aménagement d’un jardin médiéval aromatique partagé, la création d’un musée des Beaux-Arts à ciel ouvert sur les murs des quartiers rennais, par exemple. Le coût des projets s’échelonne de 1 euro (voire zéro) à 500 000 euros.

« C’est la seule façon de se faire entendre, assène Luc Lemonnier. Même si le projet n’est pas retenu, au moins les élus ont connaissance de nos demandes, et cela peut leur donner des idées ». Ce jeune retraité a proposé d’installer des plots anti-stationnement dans le secteur Alphonse Guérin, un quartier du centre-ville où les Rennais ont la fâcheuse habitude de garer leur voiture sur les trottoirs.

« Moins à l’écart »

Enseignante en retraite, Hélène Eveillard espère bien que se concrétisera son projet de sentier pédagogique entre le jardin des Tanneurs et les Prairies Saint-Martin, appelées à devenir un parc naturel urbain. « Avec le budget participatif, on se sent moins à l’écart des décisions de la Ville. Et les citoyens peuvent apporter des idées, même toutes simples, auxquelles la municipalité n’a pas forcément pensé ». Elle passe actuellement une bonne partie de son temps à faire du porte-à-porte à porte pour promouvoir sa proposition, dans l’espoir qu’elle recueille suffisamment de voix pour être retenue.

L’an passé, quelque 7 000 personnes, soit 3,5 % des 200 000 Rennais, avaient pris part au vote. Pour stimuler la mobilisation, les citadins peuvent non seulement voter en ligne sur le site fabriquecitoyenne.rennes.fr mais aussi par bulletin le week-end du 4 et 5 février. Durant toute la période de la consultation, une agora est installée sur la place de l’hôtel de ville, de 10 h 30 à 18 h 30, où les porteurs de projets peuvent y présenter leur idée et échanger avec les visiteurs. Cette année, des agoras ont aussi été organisées dans les quartiers le samedi 28 janvier.

« Beaucoup de projets répondent à préoccupations de sécurité, de propreté, et devraient relever des obligations de base de la mairie, s’inscrire dans les budgets traditionnels des quartiers ou de la Ville, déplore Gwenaëlle Rannée, professionnelle de la petite enfance,. Le budget participatif devrait servir à financer des projets vraiment novateurs. »

Concrétiser

Arnaud Fouquaut regrette, pour sa part, le « manque de suivi » sur les projets plébiscités l’an passé. Cet avocat s’étonne de n’avoir pas été informé du devenir de son parc à vélo. Sur les 54 projets votés la première année, 28 ont été livrés, 5 sont en cours, et 21 autres sont à l’étude, justifie la mairie.

C’est de toute évidence sur le terrain de la concrétisation que se jouent la crédibilité de la démarche à l’égard des citoyens et leur participation au vote. Nathalie Appéré le sait, elle qui affirme vouloir « rapprocher les citoyens de la marche de la collectivité ». « Notre démarche doit aussi rapprocher les agents municipaux des préoccupations des habitants. A cet égard, le travail d’accompagnement des porteurs de projets développé cette année a suscité une émulation positive », souligne-t-elle.

Nathalie Appéré a décidé de se lancer dans une autre démarche de démocratie participative : elle soumettra à la concertation, pendant six mois, le projet urbain Rennes 2030. Ateliers « Rennescraft » (adaptation du jeu Minecraft à l’échelle de la ville) à l’appui.