Il ne s’agit que d’une bande-annonce de 30 secondes, mais elle a suffi à déclencher la fureur d’un certain nombre de sympathisants d’extrême droite américains. Mercredi 8 février, Netflix a mis en ligne le premier « trailer » de la série Dear White People, dont la sortie est prévue en avril. Issue d’un film éponyme, elle s’intéresse à un groupe d’étudiants noirs dans une prestigieuse université américaine, confrontés à « l’injustice sociale, les biais culturels, le politiquement correct (ou son absence) et même parfois au militantisme maladroit », précise un communiqué de Netflix.

Dear White People | Date Announcement [HD] | Netflix
Durée : 00:35

Dans cette bande-annonce, on voit notamment une jeune femme noire expliquer, à la radio, aux « chers blancs », quels costumes sont « acceptables » pour Halloween : « pirate, infirmière sexy, n’importe lequel de nos 43 premiers présidents ». Elle désigne aussi le costume le moins acceptable : « moi ».

« Une série anti-blancs »

Cela a déplu à certains suprémacistes blancs, qui ont exprimé leur rage sur différentes plateformes en ligne, dont notamment Twitter. Depuis vendredi, les créateurs de la série subissent une campagne de harcèlement sur le réseau social, couplée à des appels au boycott de Netflix avec le mot-clé #NoNetflix.

« Netflix a annoncé une nouvelle série anti-blancs qui promeut le génocide blanc. J’ai supprimé mon compte, faites pareil », tweete par exemple un internaute, suivi par plus de 140 000 personnes. D’autres évoquent une « propagande anti-blanc », tandis qu’une utilisatrice de Twitter estime que Netflix « soutient des gens qui haïssent mon mari et mes enfants blancs ». Beaucoup ont fièrement publié des captures d’écran attestant leur désabonnement. Sur YouTube, où la bande-annonce a été mise en ligne, les détracteurs de la série ont massivement indiqué leur réprobation en un clic : plus de 250 000 avis négatifs, contre 22 000 « like ».

Les créateurs et acteurs de la série ont répondu aux critiques sur Twitter, soutenus par de nombreux internautes jugeant ridicule cette campagne de boycott. « Chers Blancs, jusqu’ici une grande partie des journalistes qui ont vu la série et qu’il l’ont aimée sont blancs. Cette série n’est pas contre une race », a tweeté l’actrice Logan Browning.

Le scénariste Jack Moore a écrit de son côté qu’il était « très fier de participer à cette série ». Il est l’une des principales cibles de cette campagne, pour avoir écrit dans un tweet, juste après l’élection de Donald Trump, « fuck white people » (qu’on pourrait traduire par « allez vous faire foutre, les Blancs »), en citant une étude affirmant que les blancs avaient voté Donald Trump. Un tweet que les détracteurs de la série ont ressorti à l’envi ces derniers jours.

Une visibilité inattendue

Justin Simien, le créateur de Dear White People, a quant à lui répondu avec ironie à de nombreux internautes en colère directement sur Twitter, dans une série de messages. « Merci de m’avoir aidé à faire d’une simple annonce de date de sortie la vidéo la plus vue de l’histoire de Netflix pour une nouvelle série, mec ! », a-t-il écrit en retweetant un message critique.

Car effectivement, cette campagne de boycott aura eu l’effet inverse de celui escompté, en offrant une visibilité inattendue à cette série. La bande-annonce a ainsi été vue plus d’1,7 million de fois depuis mercredi.

Ce n’est pas la première fois que les sympathisants d’extrême droite lancent une campagne de ce type sur les réseaux sociaux. Début décembre, il s’étaient attaqués avant sa sortie à Rogue One, le dernier film de l’univers Star Wars, qu’ils jugeaient trop progressiste. Ils s’étaient notamment offusqués d’un tweet du scénariste du film, Chris Weitz, qui estimait que « l’Empire est une organisation prônant la supériorité de la race blanche ». Là encore, un mot-clé très partagé, #DumpStarWars, appelait au boycott du film. Mais malgré leurs efforts, l’opération avait totalement échoué : Rogue One est le deuxième plus grand succès du cinéma américain en 2016.