JEUDI 9 FÉVRIER

Un revers politique et juridique majeur pour Donald Trump. La cour d’appel de San Francisco a maintenu jeudi la suspension du très controversé décret anti-immigration signé le 27 janvier par le président américain. Ce dernier a dans la foulée promis de poursuivre la bataille judiciaire pour défendre sa mesure emblématique.

L’appel du gouvernement est « rejeté », ont écrit les trois juges fédéraux dans leur décision prise à l’unanimité, insistant sur la nécessité de protéger « l’intérêt général ». Le gouvernement n’a pas démontré que le maintien de la suspension du décret - qui interdisait l’accès aux Etats-Unis pour trois mois aux ressortissants de sept pays musulmans, pour quatre mois aux réfugiés et indéfiniment pour les Syriens – se traduirait par de graves atteintes à la sécurité des Etats-Unis, ont-ils conclu.

« RENDEZ-VOUS AU TRIBUNAL, LA SECURITE DE NOTRE NATION EST EN JEU ! », a répliqué sur Twitter le locataire de la Maison Blanche, qui se retrouve entraîné dans une bataille judiciaire qui promet d’être longue. Celle-ci pourrait désormais se jouer devant la Cour Suprême : le camp présidentiel a quatorze jours pour demander à la cour d’appel de « reconsidérer » son arrêt ou faire monter l’affaire à la plus haute instance juridique américaine.

LE TWEET DU JOUR

Sélectionné par Donald Trump pour occuper le siège vacant de la Cour Suprême, le magistrat Neil Gorsuch récemment qualifié de « décourageants » et « démoralisants » les commentaires du président raillant le magistrat de Seattle qui a suspendu l’application de son décret anti-immigration et malmenant le principe d’indépendance des tribunaux. Des confidences faites en privé lors d’un entretien avec le sénateur démocrate du Connecticut Richard Blumenthal, qui s’est ensuite empressé de rendre publics ces propos.

M. Trump a visiblement peu apprécié : quelques heures avant la décision de la cour, il a affirmé jeudi sur Twitter, en dépit de multiples témoignages d’élus indiquant l’inverse, que le sénateur avait déformé les propos du juge.

« Le sénateur Richard Blumenthal, qui n’a jamais combattu au Vietnam alors qu’il l’a dit pendant des années (mensonge majeur), dénature maintenant ce que le juge Gorsuch lui a dit ? »

EN BREF

  • « Nouvelle ère »

Le président républicain a promis jeudi une « nouvelle ère » dans la lutte contre la criminalité et la menace terroriste. Dressant un tableau extrêmement sombre des menaces pesant, selon lui, sur l’Amérique, le président républicain a affiché sa volonté de « casser les cartels criminels qui se sont répandus à travers le pays et détruisent notre jeunesse »« Nous sommes confrontés à une criminalité en hausse et à la menace du terrorisme meurtrier », a-t-il lancé, sans présenter de chiffres, lors de la prestation de serment de son ministre de la justice Jeff Sessions.

  • Promesse de respecter le principe d’« une seule Chine »

Au cours d’une « longue » conversation téléphonique, Donald Trump a déclaré jeudi à son homologue chinois Xi Jinping qu’il respecterait le principe d’« une seule Chine », a annoncé la Maison Blanche : « Les deux dirigeants ont discuté de nombreux sujets et le président Trump a accepté, à la demande du président Xi, de respecter le principe d’une seule Chine”. » En décembre, une conversation téléphonique avec la présidente taïwanaise puis quelques menaces lâchées sur Fox avait créé la polémique.

  • Premières rencontres entre Mogherini et l’administration Trump

Federica Mogherini, chef de la diplomatie de l’Union européenne, a rencontré jeudi à Washington le tout nouveau secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, dans un contexte d’incertitudes concernant les liens transatlantiques. Les deux dirigeants ont discuté de stratégie anti-terroriste, de relations avec la Russie, de l’accord sur le nucléaire iranien et des crises en Ukraine et en Syrie, selon le bureau de Mme Mogherini.

  • Kellyanne Conway « rappelée à l’ordre »

Au lendemain d’un tweet de Donald Trump défendant sa fille Ivanka, Kellyanne Conway, une des proches conseillères du président américain a relancé jeudi la question des conflits d’intérêts en appelant sur la chaîne Fox News à aller « acheter les produits d’Ivanka », depuis une salle de la Maison Blanche ornée du sceau officiel. Elle entendait ainsi répliquer à l’annonce, la semaine dernière, par la chaîne de magasins Nordstrom du retrait de sa ligne de vêtements et d’accessoires, officiellement en raison d’une baisse des ventes. Or, les règles fédérales interdisent à tout employé du secteur public d’utiliser ses fonctions « pour son propre gain » ou « pour le soutien à un quelconque produit, service ou entreprise ». « Kellyanne a été rappelée à l’ordre sur ce sujet, point final », a sèchement commenté le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, lors de son briefing quotidien.

  • Première journée très politique à la « fashion week » de New York

La première « fashion week » new-yorkaise de l’ère Trump s’est ouverte sous le signe très politique de bandanas blancs, symbole d’unité et de tolérance dans un pays plus polarisé que jamais. Comme Tommy Hilfiger à Los Angeles mercredi, trois marques de prêt-à-porter –Calvin Klein, Thakoon et Shoji – l’ont fièrement affiché.

L’idée était partie du site spécialisé Business of Fashion, accompagné du hashtag #TiedTogether (LiésEnsemble). Les éditeurs du site basé à Londres affirment par cette action vouloir « prendre position clairement en faveur de la solidarité, de l’unité humaine et de l’inclusion, face à l’incertitude croissante et au discours dangereux qui alimente les divisions ».