Rassemblement à Bobigny (Seine-Saint-Denis), samedi 11 février, neuf jours après l’interpellation violente à Aulnay-sous-Bois de Théo L., victime d’un viol présumé par des policiers. | PATRICK KOVARIK / AFP

Neuf jours après la violente interpellation de Théo L., victime présumée de viol par des policiers, une manifestation rassemblant des centaines de personnes se tenait samedi 11 février après-midi devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour dénoncer les violences policières.

Rassemblés devant le tribunal de cette ville située au nord-est de Paris et encadrés par des forces de police en nombre, ils ont réclamé « justice pour Théo ». « La police viole », « je ne suis pas un bamboula », « la police tue des innocents », pouvait-on lire sur des pancartes.

Selon plusieurs images et vidéos circulant sur les réseaux sociaux, des tensions ont eu lieu en marge du rassemblement. Après plus d’une heure de manifestation, des policiers postés sur une passerelle juste au-dessus du lieu du rassemblement ont reçu des projectiles lancés par des manifestants. Des cris et des bruits de pétards ont suivi.

« Je ne pensais pas que ça pouvait encore exister »

Théo L., jeune homme de 22 ans, dit avoir été victime le 2 février d’un viol avec une matraque télescopique au cours d’une interpellation à la « cité des 3 000 », à Aulnay-sous-Bois. Toujours hospitalisé en raison de graves blessures dans la zone rectale, il s’est vu prescrire 60 jours d’incapacité totale de travail (ITT). L’un des quatre fonctionnaires ayant procédé à l’interpellation a été mis en examen pour viol. Les trois autres pour violences. Ils ont tous été suspendus par une décision du ministre de l’intérieur Bruno Le Roux.

Une pancarte réclame « Justice pour Théo et Adama » au rassemblement contre les violences policières à Bobigny, samedi 11 février. | PATRICK KOVARIK / AFP

« Je ne comprends pas. Je ne pensais pas que ça pouvait encore exister », a lancé à l’Agence France-presse (AFP), samedi lors de la manifestation, Anissa, 18 ans, évoquant Théo L.. « Je ne comprends pas qu’on puisse dire que c’est un accident. Je ne considère pas ces hommes comme des policiers », a ajouté la jeune fille venue de la commune proche du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).

Les manifestants ont scandé des slogans dénonçant les violences policières, évoquant aussi Zyed et Bouna, les deux adolescents morts dans un transformateur électrique à l’origine des émeutes en banlieue en 2005, ou Adama Traoré, mort lors de son interpellation l’été dernier dans le Val-d’Oise.

Dans la nuit de vendredi à samedi, huit personnes avaient été interpellées en Seine-Saint-Denis, où les tensions consécutives au viol présumé de Théo ont baissé d’un cran, selon des sources policières. Vingt-cinq personnes avaient été interpellées la nuit précédente.

Quels recours pour les victimes des violences policières ?
Durée : 03:27

Rassemblement à Bobigny contre les violences policières, samedi 11 février. | PATRICK KOVARIK / AFP