Pablo Iglesias lors du congrès de Podemos à Madrid le 11 février. | PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP

Le chef du parti espagnol Podemos, Pablo Iglesias, a renforcé dimanche sa position au sein de la formation de gauche radicale après avoir été plébiscité par les militants qui ont validé sa ligne dure face à l’establishment. Ce professeur de sciences politiques de 38 ans a été réélu secrétaire général avec plus de 89 % des suffrages, a annoncé le secrétaire de l’organisation du parti Pablo Echenique.

« Le vent du changement souffle encore », a tonné dimanche le leader de Podemos devant des milliers de militants enthousiastes, rassemblés à Madrid, auxquels on venait d’annoncer la victoire de la liste d’Iglesias lors de primaires internes.

Après des mois de débats parfois violents entre les partisans du secrétaire général et le courant de son numéro deux Inigo Errejon, la base du parti a tranché. Le programme de Pablo Iglesias, favorable à la poursuite des manifestations contre l’austérité et la corruption, a aussi été choisi par 56 % des 155 000 militants qui ont participé au vote, contre 34 % pour celui d’Inigo Errejon, qui dénonçait par ailleurs le manque de démocratie et les pouvoirs trop larges du chef.

« Unidad, unidad, unidad »

Pablo Iglesias, favorable à l’alliance avec les écolo-communistes, avait présenté un programme privilégiant l’agitation sociale rappelant les « marées citoyennes » de millions d’Espagnols qui ont manifesté ces dernières années pour réclamer plus de droits. Inigo Errejon, secrétaire politique qui a souvent écrit les discours d’Iglesias, voulait de son côté polir l’image du parti pour « faire moins peur » et attirer plus les électeurs socialistes.

« Unidad, unidad, unidad » (unité), criaient les militants depuis des gradins du palais des congrès de Vistalegre après le vote. Amis depuis 14 ans, MM. Iglesias et Errejon menaçaient avec leur querelle de faire voler en éclats les espoirs des « Indignés », le mouvement contre l’austérité et la corruption dont est en partie issu Podemos. « Unité et humilité jusqu’à la victoire », a répondu M. Iglesias après avoir donné une longue accolade à Inigo Errejon, professeur de sciences politiques de cinq ans son cadet.

La répartition des forces au sein du « conseil citoyen », l’organe exécutif du parti, est désormais claire : 37 élus de la liste de Pablo Iglesias, 23 de celle de Inigo Errejon et deux d’un troisième courant, dit anticapitaliste.

Frère du grec Syriza, Podemos est né en janvier 2014. Il a vécu jusqu’en 2016 une fulgurante ascension dans un pays traversé par une crise économique sans précédent. C’est désormais la troisième force politique en Espagne et il dirige, dans le cadre de plateformes citoyennes, des villes comme Madrid ou Barcelone.