Le Premier ministre japonais Shinzo Abe en compagnie du président américain Donald Trump, le 10 février à Washington. | BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

Shinzo Abe n’a guère de raisons de s’enthousiasmer. Deux journées avec le président américain Donald Trump, les 10 et 11 février, ont permis au premier ministre japonais de souligner l’importance des investissements de son pays aux Etats-Unis. Il a lancé avec M. Trump un « dialogue économique » censé permettre de libéraliser les échanges bilatéraux et compenser l’abandon par les Etats-Unis du Partenariat transpacifique (POP) auquel le Japon tenait beaucoup.

Mais l’imprévisibilité de M. Trump et son inclination protectionniste incitent à la prudence. De même que l’état de santé de l’économie japonaise, dont la croissance n’a été que de 0,2 % au quatrième trimestre 2016 – au lieu du 0,3 % attendu – et de 1 % en glissement annuel (décembre 2016, par rapport à décembre 2015).

La croissance, en légère hausse depuis un an, a notamment bénéficié d’un yen en baisse fin 2016. Les exportations ont crû de 2,6 % et les investissements en capital de 0,9 %.

Amélioration fragile

Le 7 février, la Banque du Japon (BOJ) a revu à la hausse ses prévisions de progression du produit intérieur brut (PIB) à 1,4 % au terme de l’exercice 2016 clos fin mars, contre 1 % attendu auparavant, puis 1,5 % pour l’exercice 2017 contre 1,3 %.

Une croissance modeste, mais supérieure au potentiel japonais et soutenue, selon la BOJ, par la croissance dans les nations développées, la reprise des économies émergentes et la préparation des Jeux olympiques de Tokyo en 2020.

Fin 2016, le Japon a également dégagé son premier excédent commercial depuis 2011, année du séisme, du tsunami et de la catastrophe nucléaire de Fukushima : 4 074 milliards de yens (33,4 milliards d’euros).

L’amélioration reste toutefois fragile. La BOJ table sur des prix en baisse. En décembre, ils ont reculé de 0,2 %, ce qui ne laisse pas d’interroger sur les abenomics, cette politique initiée dès 2013 par M. Abe, mêlant relance budgétaire, assouplissement monétaire et réformes structurelles, pour sortir de la déflation.

Le salaire net en baisse

De même, la consommation reste atone, à 0 % au dernier trimestre 2016. Dans une étude publiée en janvier, l’Institut de recherche Daiwa (DRI) note « une tendance à moins vouloir consommer », alimentée par les incertitudes sur l’avenir. Si le chômage ne dépasse pas 3,1 %, le DRI déplore un environnement du travail marqué par une forte précarité.

Si le salaire moyen brut a augmenté de 0,5 % en 2016, une première depuis 2010, le salaire net diminue en raison des hausses d’impôts et des coûts de la sécurité sociale.

Dans ce contexte, le gouvernement pourrait envisager de nouvelles mesures de relance, sans doute à l’été ou à l’automne, a signalé le ministre de la revitalisation régionale, Kozo Yamamoto, dans une interview accordée le 31 janvier au Financial Times. Mais leur ampleur pourrait être limitée par la dette qui a atteint 240 % du PIB et ne cesse d’augmenter.

De même, Donald Trump plaidant pour un dollar plus faible, le Japon pourrait subir les conséquences de son corollaire, un yen plus fort. Et ses marges de manœuvre face aux Etats-Unis seraient réduites.