Donald Trump, Reince Priebus, Mike Pence, Steve Bannon, Sean Spicer et Michael Flynn en conversation téléphonique avec Vladimir Poutine dans le bureau ovale le 28 janvier. | JONATHAN ERNST / REUTERS

Le fiasco du décret anti-immigration, bloqué par la justice, avait été la première manifestation d’une certaine improvisation au sein de la nouvelle administration. La démission précipitée du conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn, lundi 13 février, a mis l’accent sur une autre faiblesse : l’inexpérience de Donald Trump.

Ce dernier avait su s’entourer pendant la campagne d’un commando composé d’outsiders prêts à en découdre avec les institutions. La transformation en appareil de gouvernement paraît particulièrement difficile. M. Trump a surtout misé sur la loyauté pour composer son premier cercle. Dans le cas de M. Flynn, elle l’a aveuglé, l’empêchant de voir des signaux d’alerte à propos d’une personnalité controversée.

L’absence d’expérience des affaires publiques de la part du président est renforcée par le fait qu’il a choisi d’installer à la Maison Blanche une série de pouvoirs complémentaires, potentiellement concurrents. La nomination simultanée, en novembre 2016, de son chief of staff (chef de cabinet), Reince Priebus, et de son conseiller stratégique, Stephen Bannon, a témoigné de cette absence de hiérarchie claire. Cette imprécision a été renforcée par les différences de caractère et de vision entre les deux hommes : le premier est un parfait apparatchik du Parti républicain, alors que le second est un idéologue qui a publiquement fait part de son intention de transformer en profondeur le Grand Old Party.

Impréparation

S’ajoute en outre à cette structure bicéphale le poids du clan familial. Il est représenté à la Maison Blanche par le gendre de M. Trump, Jared Kushner, mari de la première fille du président, Ivanka. Dépourvu tout comme M. Bannon ou M. Priebus de la moindre expérience gouvernementale, M. Kushner joue un rôle de premier plan dans les dossiers de politique étrangère. A la périphérie de la Maison Blanche, la liberté de parole de proches du président ajoute au désordre. L’un d’eux, Christopher Ruddy, a ainsi publiquement rejeté la responsabilité des ratés des premiers jours sur M. Priebus.

Cette Maison Blanche complexe n’est pas étayée, enfin, par une administration en parfait état de marche. L’impréparation de l’équipe de M. Trump, doublée par la stratégie d’obstruction déployée par les sénateurs démocrates pour freiner la confirmation des personnes nommées à la tête des agences fédérales, explique que la plupart de ces départements ne disposent pas encore d’organigrammes complets.

Les nombreuses « fuites » dont a bénéficié la presse américaine au cours des trois premières semaines de la présidence de M. Trump, qu’il s’agisse de comptes rendus de conversations avec des responsables étrangers ou de projets de décrets présidentiels, témoignent d’une administration sous tension.

Cette dernière est d’autant plus remarquable que ces semaines ont été jusqu’à présent dépourvues d’épreuves significatives, contrairement aux premiers mois du premier mandat de Barack Obama, qui avait été élu au pire moment de la crise de 2008.