« La démission du général Flynn soulève également des questions sur les intentions de l’administration Trump à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine », a commenté le sénateur John McCain. | © Carlos Barria / Reuters / REUTERS

Plusieurs parlementaires américains, dont des élus importants au sein du Parti républicain, souhaitent une enquête approfondie sur les relations entre la Maison Blanche et la Russie après la démission du conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn.

« Donald Trump doit aux Américains une explication complète sur les interactions de son administration avec la Russie, avant et après l’élection », a estimé la sénatrice démocrate Elizabeth Warren.

« Le peuple américain a le droit de savoir aux ordres de qui le général Flynn obéissait lorsqu’il a passé ces coups de fil et pourquoi la Maison Blanche a attendu que ces informations soient publiques pour agir », a déclaré le démocrate Mark Warner, vice-président de la commission sénatoriale du renseignement.

Pour le sénateur démocrate Chris Coons, cette affaire ne se résume pas seulement à Michael Flynn : « Que savait le président Trump ? Que savait-il et depuis quand le savait-il ? » s’est-il sur la chaîne MSNBC, reprenant la fameuse question posée lors du scandale du Watergate qui a conduit à la démission de Richard Nixon en 1974.

Des sénateurs républicains demandent une enquête

La question est politiquement sensible : la Russie est l’un des rares sujets qui a provoqué de réelles tensions entre Donald Trump et les élus républicains du Congrès. « La démission du général Flynn soulève également des questions sur les intentions de l’administration Trump à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine », a commenté le sénateur John McCain.

Trois autres sénateurs républicains, Bob Corker, Roy Blunt et John Cornyn, appartenant à la commission du renseignement, ont estimé qu’une enquête devait être menée pour déterminer la nature des contacts de M. Flynn, un ancien agent des services de renseignement, avec la Russie. Le sénateur Blunt a jugé qu’une enquête « exhaustive » devait être menée par sa commission et suggéré d’entendre Michael Flynn « très rapidement ». Mitch McConnell, chef de file des républicains au Sénat juge également que l’ouverture d’une enquête est « hautement probable ».

M. Flynn a été contraint à quitter l’équipe de Donald Trump, seulement trois semaines après l’entrée en fonctions du président des Etats-Unis, en raison de révélations sur une conversation qu’il a eue avec l’ambassadeur russe à Washington, avant l’investiture de l’homme d’affaires, sur une éventuelle levée des sanctions contre Moscou.

Donald Trump a demandé la démission de son conseiller quand il a senti que sa confiance s’était érodée au point de nécessiter un changement de personne, a expliqué le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, mardi.

La retranscription de la conversation entre Michael Flynn et l’ambassadeur Sergey Kislyak montre que la question de la levée des sanctions a bien été abordée entre les deux hommes lorsqu’ils se sont entretenus fin décembre, a dit un responsable américain. Le conseiller à la sécurité nationale a quitté ses fonctions quelques heures après que le département de la justice a indiqué avoir mis en garde la présidence depuis plusieurs semaines sur une vulnérabilité au chantage du conseiller en raison de ses entretiens avec M. Kislyak.

Dans sa lettre de démission, M. Flynn a reconnu avoir « par inadvertance trompé le vice-président élu » (Mike Pence) en lui fournissant des informations incomplètes sur ses discussions téléphoniques avec le diplomate russe.

Embarrassé par cette nouvelle affaire, Donald Trump a tenté de jouer la carte de la diversion en focalisant l’attention sur les fuites qui touchent son administration. « La vraie question est pourquoi il y a autant de fuites illégales émanant de Washington ? » a-t-il écrit sur son compte Twitter.

Des juristes s’interrogent désormais sur de possibles poursuites à l’encontre de Michael Flynn sur la base du « Logan Act », loi qui interdit à des ressortissants américains non habilités de négocier avec des gouvernements étrangers en litige avec les Etats-Unis. Personne n’a cependant jamais été poursuivi sur la base de cette loi, qui date de 1799.

Au moins quatre commissions parlementaires enquêtent sur les interférences russes, ainsi que sur les liens entre Moscou et l’entourage de Donald Trump, notamment le lobbyiste Paul Manafort – volet sur lequel le FBI enquête aussi, selon plusieurs journaux.