Le président américain Donald Trump, à Washington le 13 février. | SAUL LOEB / AFP

Les déboires rencontrés par la nouvelle administration américaine après son décret anti-immigration, bloqué par la justice, puis la démission précipitée du conseiller à la sécurité nationale Michael Flynn, lundi 13 février, ont souligné une faiblesse de Donald Trump. Jamais avant lui un président n’avait obtenu d’aussi médiocres résultats dans l’opinion à propos de son action pour un début de premier mandat.

Le baromètre de l’institut Gallup le confirme depuis le 20 janvier, date de son arrivée à la Maison Blanche : M. Trump n’a bénéficié d’aucun état de grâce. Il a au contraire battu un record en obtenant une majorité d’avis négatifs sur son action en seulement huit jours.

Jours passés à la Maison Blanche avant que les avis défavorables deviennent négatifs
Les avis défavorables sur le travail de Donald Trump comme président sont devenus majoritaires au bout de huit jours, un record historique.

Les faiblesses du nouveau président sont connues depuis longtemps. Elu le 8 novembre grâce à 70 000 voix d’avance dans trois Etats stratégiques (Michigan, Pennsylvanie et Wisconsin), alors que sa rivale démocrate, Hillary Clinton, l’avait devancé de près de 3 millions de bulletins de vote au niveau national, M. Trump n’a jamais convaincu les Américains de son adéquation avec les impératifs de la fonction de président ou de sa capacité à gérer les crises internationales. Lui étaient reconnues, en revanche, une forte personnalité, une connaissance de l’économie et la volonté de remettre en cause les institutions fédérales jugées inefficaces.

Les décrets présidentiels les plus emblématiques paraphés depuis le 20 janvier dans le bureau Ovale de la Maison Blanche ont suscité une faible adhésion de la part des Américains interrogés par les instituts de sondage. Cela a été le cas pour le projet de « mur » à la frontière avec le Mexique et la conviction que Mexico va accepter de le financer – une tendance lourde, selon le Pew Research Center.

Soutien des électeurs blancs, âgés et non diplômés

De même, le décret anti-immigration s’est heurté à une opposition, qu’il s’agisse du gel des arrivées en provenance de sept pays d’Afrique ou du Moyen-Orient (51 % contre, 46 % d’avis favorables), comme du blocage de l’accueil de réfugiés (60 % contre 37 %), selon une enquête publiée le 7 février par la Quinnipiac University. L’argument de la sécurité, assené en boucle par M. Trump, n’a pas été décisif pour l’instant : 38 % des personnes interrogées dans cette enquête considèrent que ces mesures vont la renforcer, alors que 39 % pensent le contraire.

Les jugements majoritairement négatifs portés sur les premières semaines de la présidence Trump masquent cependant un fort clivage partisan. Le détail de l’enquête de la Quinnipiac University comme celui d’une autre étude publiée début février par la chaîne d’information CNN mettent en effet en évidence le soutien solide dont bénéficie le locataire de la Maison Blanche au sein de son parti, et plus généralement auprès des électeurs blancs, âgés et non diplômés, qui soutiennent nettement les mesures contre l’immigration. C’est précisément cet électorat qui a permis à M. Trump de l’emporter le 8 novembre.