Le capitaine barcelonais, Andrés Iniesta, face à Zlatan Ibrahimovic, en avril 2015. | LLUIS GENE / AFP

Moins exposé médiatiquement que le prodige Lionel Messi, Andrés Iniesta, incarne, au même titre que son coéquipier argentin, l’hégémonie exercée par le FC Barcelone sur la scène européenne depuis plus d’une décennie. Pur produit de l’académie de la « Masia », le capitaine des Blaugrana, 32 ans, fait figure d’éternel taulier au sein d’un club où il a paraphé sa première licence, en 1996, à l’âge de… 12 ans. Mardi 14 février, le petit milieu de terrain (1,70 m) et quadruple vainqueur de la compétition (2006, 2009, 2011, 2015) affronte le Paris-Saint-Germain, au Parc des Princes, en huitièmes de finale aller de la Ligue des champions. Un duel sous tension avant la manche retour, programmée au Camp Nou, le 8 mars.

Habituelle rampe de lancement du trio d’attaque « MSN » (Messi, Suarez, Neymar), doté d’une incroyable « vista » et d’un toucher de balle soyeux, Iniesta signe son grand retour face au PSG après plusieurs semaines passées à l’infirmerie en raison de blessures persistantes au mollet et au genou. Celui qui connaît une quinzième saison compliquée avec le groupe professionnel du Barça (seulement dix matchs disputés en Liga espagnole) devrait toutefois être titularisé, au Parc, par son entraîneur Luis Enrique.

« C’est le patrimoine de l’humanité »

Ancien coéquipier d’Iniesta sous les couleurs du Barça (2002-2004), le technicien ne masque pas sa fascination voire son émerveillement à l’égard d’un joueur qu’il a vu débuter et qu’il compare volontiers à Harry Potter. Privé de son stratège aux coups de pattes magiques durant la majeure partie de la saison, le coach catalan l’a encensé à intervalles réguliers, ces derniers mois. « Iniesta, ce n’est pas seulement le patrimoine du FC Barcelone, de tous les « culés » (les supporteurs du Barça), c’est le patrimoine de l’humanité. Nous avons la chance d’avoir un joueur unique, qui a des yeux derrière la tête, toujours au service de l’équipe », a clamé, à l’automne 2016, Luis Enrique, des trémolos dans la voix.

« Personne dans l’effectif ni même dans le football mondial ne ressemble à Andrés Iniesta. J’ai de bons profils à cette position, mais je n’ai vu aucun joueur ressemblant à Andrés Iniesta. Il est unique au monde », a récidivé, en janvier, l’entraîneur barcelonais, qui devra se passer au Parc de plusieurs joueurs blessés (Javier Mascherano, Arda Turan, Aleix Vidal). Ces déclarations enamourées sont d’autant plus compréhensibles que le Barça peine à trouver un digne successeur à son « métronome », sous contrat jusqu’en 2018 (pour un salaire de 8 millions d’euros annuels).

Unique dépositaire du jeu du Barça et de la sélection espagnole (avec laquelle il a remporté le Mondial 2010 et les Euros 2008 et 2012) depuis le départ pour le Qatar (à Al Sadd SC précisément), en 2015, de Xavi Hernandez, Iniesta excelle encore, dans l’entrejeu catalan, au sein d’un triangle composé du croate Ivan Rakitic et de l’expérimenté Sergio Busquets, autre pur produit de la « Masia ». Alors que les jeunes André Gomes et Denis Suarez (23 ans tous deux) tardent à prendre sa relève, le capitaine des Blaugrana continue à incarner le cycle vertueux ouvert par l’ex-entraîneur Pep Guardiola (2008-2012), ère fastueuse ponctuée d’une cascade de trophées et d’un style inimitable, basé sur un jeu de passes étourdissant, voire quasi robotique. « Mon style de jeu a été bâti et a grandi au même moment que celui du FC Barcelone », assurait le joueur au Monde, en octobre 2012.

La bête noire du PSG

C’est peu dire que le retour d’Iniesta, élu meilleur joueur européen en 2012, n’est guère de bon augure pour le PSG et son entraîneur espagnol Unai Emery. Fossoyeur du club de la capitale en quarts de finale de Ligue des champions, en 2013 et 2015, le milieu relayeur du Barça n’est-il pas sa « bête noire » ? Le 21 avril 2015, lors de la manche retour (2-0) au Camp Nou, le natif de Fuentealbilla (Castille-La Manche) avait humilié à lui seul la défense parisienne sur une action de génie. Parti de sa moitié de terrain, le numéro 8 barcelonais avait éliminé trois adversaires avant de mettre sur orbite le Brésilien Neymar pour l’ouverture du score des Blaugrana.

Avec ses 24 trophées remportés avec le Barça (dont huit titres de champion d’Espagne) et ses 123 matchs disputés à ce jour en Coupe d’Europe, Iniesta (115 sélections avec la Roja depuis 2006) représente le plafond de verre qui circonscrit actuellement les visées continentales du PSG version qatarie, éliminé en quarts lors des quatre dernières éditions de la Ligue des champions. A la tête du Valence CF (2008-2012) et du Séville FC (2013-2016), Unai Emery ne s’est lui-même imposé qu’à une seule reprise (2-1), le 3 octobre 2015, face au Barça en 23 confrontations. Ce jour-là, ni Lionel Messi ni « l’éternel » Andrés Iniesta n’étaient sur la pelouse.