Les Big Three du nucléaire japonais ­connaissent une fortune diverse. Si Mitsubishi Heavy Industries (MHI) semble s’en sortir, Toshiba et Hitachi accumulent les pertes dans cette activité, en parti­culier depuis la catastrophe nucléaire de 2011 à Fukushima.

Le renforcement des règles de sûreté des installations a fait exploser les coûts d’entretien et de construction de nouvelles centrales. L’arrêt prolongé de la quasi-totalité des réacteurs japonais pèse dans leur bilan. La montée en puissance de rivaux chinois et sud-coréens les menace.

Le groupe poursuit son développement

Outre Toshiba, Hitachi, qui s’est allié à General Electric (GE) en 2006, pourrait afficher une perte non opérationnelle de 70 milliards de yens (579 millions d’euros) au terme de l’exercice clos fin mars. Cette perte découlerait principalement de l’abandon par le joint-venture GE Hitachi Nuclear Energy, installé en Caroline du Nord, de l’activité d’enrichissement d’uranium en raison de la raréfaction des commandes de réacteurs dans le monde.

MHI, lui, fait face à une plainte aux Etats-Unis de la compagnie d’électricité américaine Southern California Edison pour des générateurs de vapeur à la centrale de San Onofre (Californie), qui pourrait lui coûter 700 milliards de yens.

Mais le groupe poursuit son développement dans le secteur. Début février, avec ­Japan Nuclear Fuel Limited (JNFL), il a ­conclu un accord avec Areva pour acquérir 10 % de NewCo, qui gère les activités du combustible du géant français. Le 2 février, son président, Shunichi Miyanaga, a annoncé des investissements pour « de nouvelles avancées technologiques ».

Possible rapprochement

Au Japon, depuis 2016, les difficultés de Toshiba laissent planer la possibilité d’un rapprochement entre les activités nucléaires des trois groupes. Tel serait, en tous les cas, le souhait du puissant ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI), qui est chargé de la politique nucléaire – il aurait incité Toshiba à acquérir Westinghouse en 2006 – et joue un rôle important auprès de l’administration du premier ministre, Shinzo Abe.

Consultés, Hitachi et MHI, au fait des problèmes de Westinghouse, auraient, dans un premier temps, refusé de donner suite. Mais, sous l’insistance du METI, des discussions auraient été lancées en septembre 2016 et une première étape devait être l’intégration de l’activité combustible. Les dernières annonces de Toshiba pourraient perturber le projet.