Luis Enrique en conférence de presse, le 13 février, à la veille du match contre le PSG. | CHRISTOPHE SIMON / AFP

« Cœur brisé à Paris ». A l’image de ce titre affiché sur le site du journal sportif Marca, la presse espagnole n’a pas fait dans la demi-mesure quand est venue l’heure de commenter la large défaite de Barcelone face à Paris, mardi 14 février, lors du huitième de finale aller de la Ligue des champions. La « une » du Mundo deportivo, présentait, elle, le mérite de pouvoir se passer de traduction : pas besoin d’avoir fait LV2 espagnol au collège pour comprendre le sens de « Desastre ».

De l’autre côté des Pyrénées, la déception intense, en cette soirée de Saint-Valentin, n’a pas empêché la lucidité. « Il n’y a pas eu ne serait-ce qu’un peu d’espoir, entre tant de désillusions, déplore Jaime Rincon pour Marca. Pas une seule raison d’y croire. Nous n’avions pas souvenir d’un match où Barcelone avait autant été dominé par son adversaire. Le terrain a paru énorme aux joueurs de Luis Enrique, sans ballon. » Alfredo Relaño, directeur du quotidien As, estime que « la différence de quatre buts reflète l’écart entre les deux équipes ».

El Pais juge « catastrophique » la prestation de l’équipe catalane : « Les joueurs du Barça ont été une équipe sans animation, car les meilleurs joueurs ont oublié de jouer au foot, tout comme les remplaçants. (…) Le Barça de Luis Enrique n’avait jamais subi une défaite aussi humiliante. »

« Naufrage d’un Barça sans entraîneur »

Si Messi est quasi unanimement crédité de son « pire match de sa carrière avec le Barça », c’est l’entraîneur des Catalans qui aimante les critiques les plus acerbes. Luis Enrique, qui a tout de même, depuis son arrivée sur le banc du Barça à l’été 2014, remporté deux Liga (2015, 2016), deux Coupes d’Espagne (2015,2016) et une Ligue des champions (2015), est pointé comme le principal responsable de la déroute, défait par Unai Emery dans la bataille tactique.

« Il faut que le Barça redevienne le Barça, estime Roberto Paloma, éditorialiste qui tient un blog sur le site Marca. Luis Enrique s’est éloigné de ce qu’on appelait le style [du Barça]. Il l’a dénaturé au profit d’un plan de jeu qui n’est toujours pas clair et que Messi masquait, avec son talent hors du commun. »

Le site Sport.es développe la même idée, allant jusqu’à titrer, à propos de la défaite : « Naufrage d’un Barça sans entraîneur. » Selon la radio COPE, qui ne cite toutefois pas de source, « le vestiaire du Barça ne croit plus en Luis Enrique ». Plusieurs médias l’annoncent partant lors de la fin de saison. Mardi soir, interrogé par un journaliste de TV3 après la rencontre, Luis Enrique s’est énervé devant les caméras, jugeant le « ton » des questions déplacé.

Ces prochaines semaines, il va cependant sûrement lui falloir s’habituer au ton désagréable des questions des journalistes. Alfredo Relaño, le directeur d’As, a choisi d’intituler sa chronique « Le massacre de la Saint-Valentin », référence au pogrom contre les Juifs, au XIVe siècle, ou, plus probablement, aux règlements de comptes sanglants entre gangs mafieux à Chicago, le 14 février 1929. « Cela a ressemblé au massacre de la Saint-Valentin : le Barça, contre le mur, a été mitraillé », écrit-il. Si le journaliste évoquait les joueurs, tombés au champ du déshonneur, mardi au Parc des Princes, il se pourrait bien que Luis Enrique se prenne quelques balles perdues dans les semaines à venir. Car comme les histoires d’amour, les parcours d’entraîneur finissent mal, en général.