A la Bourse à Francfort, en novembre 2016. | DANIEL ROLAND / AFP

C’est un mystère qui ne finit pas de faire couler de l’encre. Chez certains économistes, cela tourne même à l’obsession : pourquoi la croissance des pays industrialisés est-elle plus faible qu’avant la crise ?

Beaucoup estiment que cela tient à l’héritage de la récession et à l’énorme stock de dettes accumulé par les Etats. D’autres jugent plutôt qu’un cocktail de facteurs tels que le déclin démographique, la hausse des inégalités et l’essoufflement du progrès technique pénalise l’activité.

Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du Fonds monétaire international (FMI), aujourd’hui au Peterson Institute de Washington, est convaincu de tenir un autre coupable. A savoir… le pessimisme. « Depuis la crise, les révisions successives à la baisse des prévisions de croissance relayées par le climat généralisé de sinistrose économique ont pesé sur la consommation des ménages et l’investissement des entreprises », explique-t-il. Dit autrement : les cassandres et autres docteurs Catastrophe nous annonçant le pire ont eux-mêmes contribué à plomber l’économie !

Pressions baissières

A première vue, le constat peut sembler évident. Mais l’ancien du FMI en décrypte les mécanismes et subtilités dans une passionnante étude qu’il vient de publier pour le National Bureau of Economic Research, un organisme indépendant de recherche américain, avec les économistes Guido Lorenzoni, de l’université américaine Northwestern, et Jean-Paul L’Huillier, de l’institut Einaudi, à Rome. Depuis 2012, les diverses révisions à la baisse des prévisions économiques, en particulier celles du bureau du budget du Congrès américain, ont à elles seules contribué à réduire la demande de 0,6 % à 1 % chaque année aux Etats-Unis. Ce qui a également alimenté les pressions baissières sur les taux d’intérêt.

« Mais désormais, l’ère du pessimisme excessif touche à sa fin », note M. Blanchard. A juste titre ou non, l’élection de Donald Trump et le retour de l’arme budgétaire laissent espérer une croissance plus dynamique outre-Atlantique. La psychologie des ménages et entreprises pourrait jouer dans l’autre sens, conclut l’étude : « Si nous avons raison, la demande et les taux d’intérêts devraient remonter substantiellement. » Et sûrement plus que ce que les marchés anticipent. C’est dit.