« Les Etats-Unis envisageront de coopérer avec la Russie dans des domaines qui bénéficieront au peuple américain », a déclaré M. Tillerson. | © POOL New / Reuters / REUTERS

Faut-il collaborer avec la Russie de Poutine, ou rassurer les alliés de l’OTAN ? C’est à cet exercice d’équilibre que se sont prêté, jeudi 16 février, le secrétaire d’Etat Rex Tillerson et James Mattis, le secrétaire à la défense, qui se trouvent tous les deux en Europe, alors que le message « America first » (l’Amérique d’abord) du président Donald Trump suscite de nombreuses inquiétudes.

Les intérêts du peuple américain

Le secrétaire d’Etat américain faisait ses grands débuts sur la scène diplomatique à Bonn, en Allemagne, lors d’un G20 des ministres des affaires étrangères. A l’issue d’une première rencontre avec son homologue russe Sergueï Lavrov, il a posé des conditions à la coopération avec Moscou.

« Les Etats-Unis envisageront de coopérer avec la Russie dans des domaines qui bénéficieront au peuple américain », a déclaré M. Tillerson. « Lorsque nous ne serons pas d’accord, les Etats-Unis défendront leurs intérêts et leurs valeurs et ceux de leurs alliés », a ajouté le ministre. Il a également demandé à Moscou de « respecter les accords de Minsk et de contribuer à la désescalade de la violence en Ukraine ».

La Russie et les Etats-Unis doivent pouvoir se mettre d’accord quand leurs intérêts coïncident, a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov. Il a par ailleurs indiqué que la question des sanctions décrétées par Washington en 2014 contre Moscou n’avait pas été discutée lors de cette rencontre.

Pas de coopération militaire

« La question avec la Russie, c’est qu’ils doivent se conformer au droit international comme on l’attend de toute nation raisonnable sur cette planète », a déclaré James Mattis. | © Francois Lenoir / Reuters / REUTERS

Les Etats-Unis auront un dialogue politique avec la Russie de Vladimir Poutine, mais ils n’envisagent pas « maintenant » de collaborer avec elle au plan militaire. C’est qu’a affirmé James Mattis, le secrétaire américain à la défense, à Bruxelles à l’issue d’une réunion à l’OTAN, au cours de laquelle il a donné des assurances sur l’engagement des Etats-Unis auprès de l’Alliance.

« La question avec la Russie, c’est qu’ils doivent se conformer au droit international comme on l’attend de toute nation raisonnable sur cette planète. Nous ne sommes pas dans la position maintenant de collaborer au niveau militaire, mais nos dirigeants politiques vont échanger et essayer de trouver des terrains d’entente. »

Il s’agit de faire en sorte que la Russie « respecte ses engagements et revienne à un partenariat ou à une forme de partenariat avec l’OTAN. La Russie devra d’abord s’en montrer digne », a poursuivi James Mattis.

Relation dégradée depuis l’annexion de la Crimée

L’OTAN a décidé de renforcer la présence militaire sur son flanc est en raison de l’attitude jugée menaçante de la Russie depuis l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée en 2014. Quatre bataillons multinationaux d’un millier d’hommes chacun sont en cours de déploiement dans les trois pays baltes et en Pologne.

Après l’entrée en fonctions du président américain, Donald Trump, la Maison Blanche s’est dite ouverte à l’idée de mener des opérations militaires conjointes avec Moscou contre les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) en Syrie.

Appels du pied de Moscou

Lors d’une cérémonie devant les responsables des services secrets russes (FSB), le président russe Vladimir Poutine a déclaré vouloir « le rétablissement du dialogue avec les services secrets des Etats-Unis et d’autres pays de l’OTAN ».

« Ce n’est pas notre faute, s’il s’est interrompu et ne s’est pas développé », a précisé le président russe, ajoutant qu’il est « évident que, dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, tous les gouvernements et les organisations internationales doivent coopérer ».

Toute tentative américaine de dialogue avec la Russie « fondé sur un rapport de force » mènera à l’échec, a néanmoins prévenu le ministre de la défense russe, Sergueï Choïgou. « Nous sommes prêts à établir un partenariat avec le Pentagone. Mais les tentatives de bâtir ce dialogue sur un rapport de force avec la Russie n’ont aucun avenir », a prévenu M. Choïgou.

Le ministre russe réagissait à des propos tenus mercredi par James Mattis, qui a affirmé que les Etats-Unis et l’OTAN « devaient être réalistes dans [leurs] attentes et s’assurer que [leurs] diplomates négocient en position de force » avec Moscou.